Assurance-santé : ALAN remporte le gros contrat de Bercy

ALAN, spécialiste de l’assurance-santé en entreprise, rafle le contrat du ministère de l’Économie et des Finances pour assurer la couverture santé de ses 130 000 fonctionnaires, auxquels s’ajoutent des retraités et des ayant-droits. La licorne française a remporté l’appel d’offre face aux acteurs historiques comme la MGEFI, filiale de la MATMUT. Celle-ci promet de contester l’attribution du contrat.
L’assureur ALAN a remporté, il y a quelques jours, un appel d’offres du ministère de l’Économie et des Finances pour assurer la couverture santé de ses agents. Ceux-ci sont au nombre de 134 000, auxquels s’ajoutent 84 000 ayants-droits, 120 000 retraités et leurs 36 000 ayants-droit. Soit près de 400 000 personnes. La licorne spécialisée dans l’assurance-santé en entreprise a été préférée à de grands acteurs historiques comme la MGEFI, filiale de la MATMUT.
ALAN a déjà décroché des contrats publics
Ce contrat avec Bercy est l’un des plus importants de la fonction publique, après ceux du ministère de l’Éducation nationale et des Armées. Mais ce n’est pas la première fois qu’ALAN décroche un gros contrat public. L’année dernière, la startup tricolore a remporté les appels d’offres des services de Matignon, des ministères de la Transition écologique et de la Transition énergétique, ainsi que ceux du secrétariat d’État chargé de la Mer. En 2023, elle avait déjà gagné l’appel d’offres de l’Assemblée nationale pour assurer la couverture des assistants parlementaires et de leur familles.
Bercy opte pour une solution plus compétitive
Le dernier appel d’offres, celui du ministère des Finances, s’inscrit dans le cadre de la réforme de la PSC (Protection Sociale Complémentaire). Celle-ci vise à généraliser la couverture complémentaire des agents publics en santé et en prévoyance, selon des règles comparables à celles du secteur privé. Elle introduit une logique de mise en concurrence, sur la base de critères d’accessibilité, de coût et de performance. En choisissant ALAN, centré sur un modèle 100 % numérique, Bercy croit sûrement opter pour une solution plus compétitive, en particulier sur les frais de gestion et la modularité des offres. Il pourrait aussi avoir privilégié un opérateur technologique pour incarner la réforme de la PSC.
Ce marché trop important pour ALAN ?
Si la désignation de ce nouvel acteur peut s’inscrire dans la politique gouvernementale de rationalisation, elle suscite des interrogations au niveau des syndicats. Dans un communiqué de presse, la CGT finances dénonce l’attribution à ALAN de la gestion de la couverture santé des agents de Bercy. L’organisation estime que la taille de ce marché est trop importante pour une startup dont le chiffre d’affaires a atteint un demi-milliard en 2024. C’est donc la solidité économique et financière d’ALAN qui est remise en cause.
Tous les syndicats s’inquiètent du choix d’ALAN
Les autres syndicats du ministère n’approuvent pas, non plus, le choix d’ALAN, à l’instar de Solidaires, de la FO, de la CFDT, de l’UNSA, de la CFTC et de la CFE-CGC. Ils ne comprennent pas pourquoi le ministère de l’Économie et des Finances offre les commandes à une startup déficitaire, portée par les marchés financiers et dont la pérennité et la capacité à assumer les engagements de long terme ne sont pas garanties. Pour eux, il s’agit d’un « tournant historique » dangereux et d’une « rupture politique », qui contourne les logiques de co-construction sociale.
La MGEFI annonce un recours
ALAN, qui revendique plus de 700 000 assurés, dit pouvoir être à l’équilibre en 2025 et profitable l’année prochaine. Avec ses plus de 500 millions de revenus annuels récurrents (ARR), la tech a enregistré en 2024 des pertes d’un montant de 54 millions d’euros. La MGEFI, mutuelle historiquement liée à Bercy, qui a vu ALAN lui rafler l’appel d’offres, rumine sa déception. Elle ne comprend pas son éviction, alors qu’elle dispose d’un réseau territorial dense et d’une expérience de plusieurs décennies dans le suivi des agents publics. La filiale de la MATMUT pointe une absence de transparence et annonce étudier les voies de recours possibles.