Economie

Mohamed Ould Bouamatou blanchi : la Mauritanie à l’école de la démocratie

Depuis son élection en juillet 2019, le président Mohamed Ould Ghazouani distille la démocratie à la Mauritanie, un pays mal en point depuis dix ans. Dernier épisode de ce changement à dose homéopathique, l’abandon des poursuites judiciaires contre les hommes d’affaires Moustapha Ould Limam Chafi et Mohamed Ould Bouamatou et Moustapha.

Fin d’exil pour Mohamed Ould Bouamatou

La nouvelle n’a pas énormément surpris, tant elle était prévisible. Après que le gouvernement mauritanien l’a réhabilité et levé l’embargo qui frappait sa Générale de Banque de Mauritanie (GBM), Bouamatou n’avait plus qu’à patienter quelques semaines encore. Il y a une dizaine de jours, la justice mauritanienne a procédé à l’annulation des poursuites judiciaires et le mandat d’arrêt international contre le banquier pour « corruption et fraude fiscale ». D’après l’ancien régime, il a financé un groupe de sénateurs qui avait mené une fronde contre son référendum constitutionnel de 2017.

La justice mauritanienne a également abandonné les poursuites judiciaires contre deux autres personnalités. Un associé de M. Bouamatou, Mohamed Ould Debagh accusé de « corruption » et un conseiller des présidents africains Moustapha Ould Limam Chafi soupçonné de « connivence et liens avec les groupes djihadistes au Sahel ».

L’annulation des poursuites contre l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou va permettre son retour en Mauritanie, après plusieurs années d’exil au Maroc, puis en Belgique. Le philanthrope a hâte de revenir sur le terrain afin d’agir plus efficacement en faveur du bien-être de la population mauritanienne. Cela se fera à travers sa GBM qui injecte d’importants investissements dans l’économie nationale, sa clinique ophtalmologique et sa fondation pour l’égalité des chances en Afrique, présentes dans le social et l’humanitaire.

Ghazouani multiplie les gestes pour la décrispation politique

Si Bouamatou peut jubiler de la fin de ses ennuis judiciaires, les Mauritaniens, eux, goûtent déjà quotidiennement aux fruits de la démocratie. Depuis l’accession au pouvoir de Ghazouani, ils ont davantage de liberté d’expression. En témoigne leur rassemblement devant le palais présidentiel le 13 décembre 2019, pour demander le retour des exilés politiques. Cette « audace » ne pouvait pas se produire sous l’autocrate Abdel Aziz.

Ghazouani a également ordonné la remise en liberté de nombreux prisonniers d’opinions, dont des activistes. Il a surtout initié un dialogue avec l’opposition, à qui il a ouvert la porte des médias publics. Toutes ces mesures s’inscrivent dans la volonté du nouveau chef de l’État de renouer avec les bonnes pratiques et la bonne gouvernance.

Qui parle de stabilité politique parle de développement économique

C’est le signe que la Mauritanie redevient progressivement un État de droit. Ce que souhaitent depuis dix ans les ONG de défense des droits de l’homme et plus largement la communauté internationale. Cette lente, mais sure, décrue de la tension politique est évidemment profitable au développement économique du pays. Des entrepreneurs nationaux comme Bouamatou pourraient davantage investir en Mauritanie, sans craindre pour leur argent. Tout comme les multinationales qui vont bientôt fondre sur Nouakchott. D’ailleurs les grandes sociétés du Maroc voisin annoncent déjà de gros financements et des implantations d’usine.