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Hydrogène naturel : Aliou Diallo monte au créneau

Invité d’honneur de la première édition du sommet de l’hydrogène naturel H-Nat 2021, qui s’est tenue en ligne les 2 et 3 juin 2021, Aliou Boubacar Diallo a une nouvelle fois lancé un appel aux acteurs de la filière. Il les a exhortés à continuer leurs efforts pour se faire connaître des décideurs mondiaux. Une déclaration qui intervient après que le promoteur malien a fustigé le lobby néfaste des énergies fossiles.

Les 2 et 3 juin 2021, a eu lieu la première édition de H-NAT, le sommet international consacré à l’hydrogène naturel. Elle a réuni plus de 700 experts et acteurs du secteur. Parmi eux figurait Aliou Boubacar Diallo, reconnu comme le pionnier mondial de l’hydrogène naturel. Depuis 2012, sa compagnie Hydroma transforme cette ressource en électricité verte près du village de Bourakébougou au Mali. Après huit d’exploitation à petite échelle, l’entrepreneur malien a récemment annoncé une production industrielle pour approvisionner tout le Mali, et plus tard l’Afrique de l’Ouest et même l’Europe. Pour concrétiser cette ambition, il prévoit la construction très prochaine d’un pipeline de 4700 kilomètres. Cette infrastructure partira de Bourakébougou jusqu’aux portes de l’Europe (probablement l’Espagne), en passant par le Maroc.

Continuer de promouvoir l’hydrogène naturel

Lors de la keynote d’ouverture, Aliou Boubacar Diallo est revenu sur son exploitation de Bourakébougou et les grands enjeux de demain pour une planète véritablement verte. Il a émis le vœu de voir l’hydrogène naturel prendre enfin toutesa place dans la transition énergétique. Selon lui, il faudra pour cela que les acteurs de cette filière fassent preuve de solidarité et d’abnégation car leur ressource est encore largement ignorée, voire méprisée par les pouvoirs publics. Les gouvernements lui préfèrent l’hydrogène vert manufacturé, moins vertueux. « J’espère que ce sommet pourra apporter plus de visibilité à l’hydrogène naturel. Nous devons continuer nos efforts pour se faire connaître des décideurs mondiaux », a lancé Aliou Diallo.

Le business juteux mais pollueur de l’hydrogène gris

Quelques mois plus tôt, le président fondateur Hydroma avait pris pour cible les puissants lobbies des énergies fossiles. Ces derniers comploteraient pour mettre hors circuit l’hydrogène naturel sur la route de la transition énergétique. « Le défi aujourd’hui c’est comment empêcher ces multinationales de mettre le billet sur l’hydrogène naturel pour en empêcher l’exploitation », avait alerté Aliou Diallo en février 2021. Le milliardaire malien pointe précisément du doigt les majors du pétrole. « Aujourd’hui les compagnies pétrolières fabriquent de l’hydrogène avec du méthane (hydrogène gris). Elles n’ont donc pas intérêt qu’il y ait une autre source d’hydrogène complètement indépendante de leur business de carbone. Et il faudrait qu’on fasse très attention à cela car il ne faudrait pas qu’elles viennent mettre le pied sur l’hydrogène malien pour l’empêcher de produire parce que tout simplement ça va réduire leur part de marché dans la production de l’énergie dans le monde. », a expliqué le PDG d’Hydroma.

Prendre le train en marche ou disparaître

Aliou Diallo reste toutefois convaincu que ces grandes entreprises pétrolières finiront par prendre le train de l’hydrogène naturel. Il s’agirait d’un mouvement inéluctable, alors que le réchauffement climatique s’accentue et que les réserves de pétrole s’amenuisent. « Si elles ne veulent pas disparaître, elles devront s’adapter. C’est pourquoi il y a de grandes compagnies pétrolières qui commencent à investir dans l’hydrogène vert, mais manufacturé », souligne l’entrepreneur, qui prévoit de faire du Mali le premier pays décarboné d’Afrique. Il envisage aussi mettre en circulation le premier train à hydrogène du continent, entre Bamako et Kayes.