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Filière cacao : Nestlé lance un fonds pour mettre fin au travail des enfants

Séchage des fèves de cacao avant d'être broyées (Mon village en Côte d'Ivoire)
Ph: Unsplash

 

Nestlé a lancé jeudi un plan de 1,2 milliard d’euros pour lutter contre le travail des enfants dans la filière cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana. Concrètement, le géant agro-alimentaire suisse effectuera des versements directs aux petits producteurs qui envoient leurs progénitures à l’école. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une politique de traçabilité complète de l’approvisionnement en fève d’ici 2025.

De 20% à 25% du revenu annuel moyen

Nestlé a annoncé, le jeudi 27 janvier 2022, un fonds de 1,2 milliard d’euros pour soutenir la lutte contre le travail des enfants dans la filière cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana. Prévu démarrer d’ici 2030, ce plan vise à encourager la scolarisation des enfants dans ces deux pays, premier et deuxième producteur mondial de la fève. Le programme de Nestlé prévoit concrètement de verser directement aux producteurs 480 euros par an s’ils envoient leurs enfants à l’école. Un montant qui représente de 20% à 25% du revenu annuel moyen des paysans dans les pays concernés.

Au bout de deux ans, la prime sera réduite à 250 euros et progressivement étendue à l’ensemble des 160.000 producteurs de cacao. Elle s’ajoute à l’argent déjà versé par la multinationale pour le cacao certifié. Cette prime ne dépendra pas du volume de fèves vendu car se voulant un soutien significatif aux petits agriculteurs.

Répartition de l’argent entre les deux parents

Mais Nestlé impose aux paysans, pour recevoir cet argent, quelques pratiques durables. Le groupe leur demande notamment d’élaguer les cacaoyers, de planter des arbres d’ombrage et de diversifier leurs revenus par le recours à d’autres cultures ou à l’élevage. Objectif : mettre en place une chaîne d’approvisionnement responsable. Des exigences d’autant nécessaires que les consommateurs occidentaux exigent de plus en plus un produit éthique et respectueux de l’environnement.

Pour plus d’impact, le programme prévoit de répartir l’argent avec le conjoint responsable de la garde des enfants et participant également aux dépenses du foyer. Une mesure qui vise à contribuer parallèlement à l’autonomisation des femmes. « Une prime aux ménages est bien plus inclusive pour les petits agriculteurs, en s’assurant véritablement que personne n’est laissé de côté », a souligné Alexander von Maillot, le responsable de l’activité confiserie de Nestlé.

Cette initiative s’inscrit dans une volonté de traçabilité complète de l’approvisionnement en cacao du groupe d’ici 2025. « Ce n’est qu’en nous attaquant aux causes profondes que nous aurons un impact », a expliqué le directeur des opérations de Nestlé, Magdi Batato, dans un entretien à Reuters.

Une action concertée pour la revalorisation des prix

Nestlé avait déjà lancé un projet pilote en 2020 auprès de 1.000 agriculteurs en Côte d’Ivoire. Le groupe compte désormais étendre le programme à 10.000 familles, puis à tous les ménages de producteurs ivoiriens. Ensuite ce sera le tour des cacaoculteurs du Ghana en 2024. Notons que le versement annuel de Nestlé s’ajoute aussi aux primes déjà proposées par les gouvernements ivoirien et ghanéen. Ceux-ci ont imposé de concert, en 2019, une prime dite « de différentiel de revenu décent », qui prend la forme d’un versement d’environ 360 euros par tonne de cacao. Les deux plus grands producteurs ont également tenté d’obtenir un prix plancher afin de compenser les fluctuations monétaires.

Un phénomène d’ampleur en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire près de 800 000 enfants travaillent encore dans les plantations de cacao et de café, selon une enquête américaine réalisée en 2018-2019. Il y a cependant eu une amélioration puisqu’ils étaient 1,2 million de personnes entre 2013 et 2014. Depuis 2019, quelque 2 000 ont quitté les champs pour aller à l’école ou apprendre un métier. Grâce aux efforts fournis, le taux de scolarisation a progressé passant de 59 % en 2008-2009 à 85 % en 2018-2019. La plupart des enfants soumis à la traite arrivent des pays voisins (Burkina, Mali, Guinée, etc.). Ils viennent pour aider leurs parents manœuvres dans les plantations de cacao.