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Assurtech : Luko racheté par Admiral

Photo de Mina Rad sur Unsplash

Noyé par sa dette et placé en procédure de sauvegarde accélérée en juin, Luko a été contraint de se faire absorber par l’assureur britannique Admiral. L’assurtech n’ayant pas pu lever les fonds nécessaires pour digérer l’acquisition des concurrents allemand Coya et français Unkle.

L’assureur Luko a été racheté début juillet par le britannique Admiral Group, présent en France via la marque L’olivier Assurance. Son co-fondateur Raphaël Vullierme considère cette vente comme une bouffée d’oxygène compe tenu de la situation financière dans laquelle se trouvait la fintech.

Pas de levée de fonds pour absorber les acquisitions

En effet, Luko était acculée par une dette de 45 millions d’euros quand elle a fait deux acquisitions en 2022. A savoir celle de l’assureur allemand Coya (racheté à 30 M€) en janvier et du spécialiste français de l’assurance de loyers impayés Unkle (22 M€) en mars. L’assurtech devait effectuer une levée de fonds pour digérer ces deux rachats. Mais l’opération n’a pas eu lieu. Les tours de table se sont raréfiés en raison de la remontée des taux d’intérêt et du conflit ukrainien, entre autres.

Une demande de procédure de sauvegarde accélérée

Ce contexte morose a refroidi les investisseurs et les business angels. Et Luko n’a même pas pu compter sur ses soutiens de la première heure, dont les fonds Triple Point Capital, EQT Ventures et Speedinvest. Faute d’argent frais, l’assureur a manqué à ses obligations, à savoir s’acquitter en avril d’une échéance de 12 millions d’euros envers Unkle. Une situation qui l’a poussé à ouvrir une demande de procédure de sauvegarde accélérée auprès du tribunal de commerce de Bobigny. Objecif : rééchelonner la totalité de sa dette de 45 millions d’euros.

Repris pour un montant en deçà de sa valorisation

Cette restructuration du passif constituait un prérequis à toute opération de rachat ou de levée de fonds. Après cette action donc, Luko a pu facilement passer dans le giron d’Admiral Group. A sa reprise, la fintech ne disposait plus que de 4 M€ de trésorerie, juste assez pour gérer deux mois d’activités. Il fallait donc vendre pour ne pas baisser le rideau et licencier ses 185 salariés. Admiral Group a déboursé 14 M€ (11 M€ tout de suite et 3 M€ sous conditions de résultats) pour mettre la main sur Luko. Une somme très éloignée de sa valorisation en 2020 qui s’élevait à plus de 250 M€.

Un modèle d’affaires complémentaire

Avec cette acquisition, l’assureur britannique souhaite accélérer en habitation, après l’assurance automobile dans lequel il opère en France via sa filiale. Pour Pascal Gonzalvez, directeur général de L’olivier Assurance, Luko offre « un modèle d’affaires très complémentaire » à son entreprise. Il considère également l’assurtech comme « un outil maison de souscription très agile pour répondre aux besoins du consommateur ». En outre, le dirigeant évoque « une marque commerciale puissante et solide sur le marché français ».

400.000 assurés dans le portefeuille de Luko

Admiral Group a rassuré sur l’intégration des 185 collaborateurs de Luko, qui revendique plus de 400.000 assurés et une présence dans plusieurs pays européens. A sa création en 2016, la fintech avait choisi de fournir des capteurs connectés pour prévenir en cas de dégâts des eaux. Par la suite, elle a ajouté l’assurance habitation avec l’appui de Wakam, Swiss Re et Munich Re. Puis, pour se diversifier dans l’assurance emprunteur, elle a racheté les assureurs allemand Coya et français Unkle.