Nicotine : les influenceurs, grands promoteurs auprès des jeunes

Selon un rapport de l’Alliance française contre le tabac (ACT), plus de 220 influenceurs ont fait la promotion des vapes ou de la nicotine sur Instagram entre 2019 et 2024. Ces créateurs de contenus ont publié 948 posts, qui ont touché 24 millions de personnes, en grande partie des jeunes. C’est une violation flagrante de la loi. Face à cette situation, l’association appelle à une interdiction immédiate de ces produits ainsi que de leurs dérivés.

Selon un rapport de l’Alliance française contre le tabac (ACT), relayé en premier par France Inter le mardi 11 mars, 229 influenceurs ont fait la promotion des vapes ou sachets de nicotine sur Instagram entre 2019 et 2024. Ces créateurs de contenus ont publié au total 948 posts sur la période. Et leurs publications ont touché plus de 24 millions de personnes, en grande partie des jeunes de la Gen Z, dont 80% utilisent Instagram au quotidien.

Les jeunes consommateurs de la nicotine, espoirs des marques de tabac

Les publications concernent pour la plupart les marques de cigarettes électroniques Vuse (anciennement Vype) et Blu, et de sachets de nicotine Velo. Ces entreprises ciblent en priorité les plus jeunes pour pérenniser leur business face à la baisse de la consommation au niveau de cette catégorie de clients (baisse de 15 % de fumeurs quotidiens chez les moins de 17 ans, soit -10 points en 5 ans). En fidélisant la Gen Z, les cigarettiers s’assurent d’une clientèle sur le long-terme.

Des techniques marketing qui font mouche sur les réseaux sociaux

Les marques de tabac misent sur le marketing digital et la gamification pour recruter parmi les adolescents. En effet, elles inventent de nouveaux produits toujours plus colorés et mettent en place des jeux-concours qui permettent de gagner des lots attractifs (consoles, enceintes, casques audio). Elles organisent aussi des évènements exclusifs, s’invitent à des festivals et concerts et surtout signent des partenariats avec des influenceurs.

Petits influenceurs comme grands sont de gros promoteurs de la nicotine

La stratégie des influenceurs est payante car ces derniers sont très écoutés par leurs abonnés. Leurs avis ou conseils passent souvent pour paroles d’évangile. En particulier les nano et micro-influenceurs, ceux dont les communautés vont de 1 000 à 20 000 abonnés. Il s’agit pour la plupart d’influenceurs de niche, très proches de leurs followers, d’où une certaine confiance. Les créateurs de contenus sont généralement issus des univers lifestyle, de tests de produits et de beauté, ils sont choisis par les marques pour leur accessibilité et leur authenticité.

Des publicités en toute impunité devenues inacceptables

Mais ces influenceurs ne disent pas toujours à leurs abonnés qu’ils font un placement de produits et qu’ils sont payés pour ça par les entreprises du tabac comme Vuse et Blu. D’ailleurs, ils ne sont pas tous fumeurs alors qu’ils appellent les jeunes followers à fumer. Le plus surprenant, c’est que tous ces promoteurs de tabac opèrent au grand jour. « L’industrie du tabac continue de faire la publicité de ses produits sous nos yeux », dénonce justement Marion Catellin, directrice de l’Alliance contre le tabac. Elle juge inadmissible que ce secteur continue de contourner la loi pour promouvoir ses produits sur les réseaux sociaux, en toute impunité.

Des mesures radicales pour endiguer l’addiction à la nicotine

Face à une industrie prête à tout pour étendre davantage son marché néfaste de l’addiction à la nicotine, l’Alliance appelle à prendre des mesures radicales pour endiguer les stratégies de séduction. Elle demande une interdiction le plus tôt possible des sachets de nicotine et des produits dérivés, comme promis par le gouvernement en octobre dernier.

Plusieurs lois interdisent les publicités du tabac

L’ACT appelle également l’État à bannir la vente des produits de la nicotine à usage oral dès que la Commission européenne aura donné son accord. L’association rappelle à toute fin utile que les publicités du tabac sont interdites depuis la loi Veil de 1976, renforcée par la loi Evin de 1991. Cette restriction a été encore durcie par la loi de 2016, qui l’a étendue aux dispositifs de vapotage, et plus récemment par la loi du 9 juin 2023, qui proscrit explicitement la promotion des produits de nicotine sous toutes leurs formes.