Retraites complémentaires : le régime Agirc-Arrco en bonne santé

Alors que le régime de retraites de base souffre, celui des retraites complémentaires se porte plutôt bien. L’Agirc-Arrco, l’organisme paritaire qui gère ces retraites, a fait part de résultats financiers 2024 en hausse de 6% par rapport à 2023, tandis que ses réserves se sont élevées à près de 86 milliards d’euros. Avec ces chiffres, l’État pourrait revenir à la charge en tentant de mettre la main dessus, dans un contexte de crise budgétaire.
En France, les régimes de retraites ne jouissent pas de la même santé financière. Alors que celui des retraites de base souffre depuis plusieurs mois, le régime des retraites complémentaires, lui, se porte à merveille. En témoigne les chiffres annoncés la semaine dernière par le gestionnaire Agirc-Arrco. Celui-ci a fait part de résultats financiers 2024 en hausse de 6% par rapport à 2023.
L’Agirc-Arrco déclare un résultat global de 4,6 milliards d’euros en 2024
Dans le détail, l’Agirc-Arrco a annoncé un résultat technique (hors résultat financier) positif de 1,6 milliard d’euros et un résultat global de 4,6 milliards d’euros, contre 6 milliards d’euros en 2023. Mais le gestionnaire assure que ce recul était largement attendu compte tenu des décisions prises par les syndicats et le patronat.
La réforme des retraites a eu des effets sur les retraites complémentaires
Ces deux dernières années, le régime complémentaire des salariés du privé a vu ses charges augmenter du fait notamment des revalorisations de pensions actées par les partenaires sociaux. Conformément à la réforme des retraites confortant les ressources du régime complémentaire, les représentants de salariés et le patronat avaient décidé de supprimer le système de malus censé inciter les travailleurs à reporter leur départ à la retraite. Ils sont aussi tombés d’accord pour augmenter les retraites complémentaires de 4,9 %.
Deux revalorisations ont alourdi les charges du régime de 4 milliards d’euros
Les partenaires sociaux ont en outre décidé de revaloriser les pensions complémentaires de 1,6 %, alors que l’inflation était moins importante. Reflétées dans les comptes de l’Agirc-Arrco, ces deux augmentations ont alourdi les charges du régime de 4 milliards d’euros. De plus, il y a eu une hausse du nombre de retraités servis entre 2023 et 2024. Ainsi, les charges ont progressé plus rapidement sur la période (5,7 %) que les ressources du régime (2,7 %) sur fond de ralentissement économique.
Les retraites complémentaires comptent 27 millions de cotisants du privé
Si le recul du résultat technique a piqué en 2024, il a cependant été amorti par des résultats financiers meilleurs l’année passée qu’en 2023 comme souligné plus haut. Grâce à ce rattrapage, les réserves se maintiennent à un niveau satisfaisant. Elles s’élevaient à près de 86 milliards d’euros à la fin de l’année 2024. L’Agirc-Arrco peut ainsi garantir le paiement des retraites et gérer les départs anticipés (pour maladie ou inaptitude). Ces dernières dépenses ont mobilisé 8 milliards d’euros l’an dernier. Le régime complémentaire, qui compte 14 millions de retraités et 27 millions de cotisants du privé, a même pu attribuer 10 milliards d’euros à la solidarité interprofessionnelle grâce à ses bons comptes.
Pas touche aux retraites complémentaires
Sans surprise, la santé financière du régime des retraites complémentaires devrait encore attirer l’attention de l’État, qui avait tenté de mettre la main dessus il y a quelques mois. Elle contraste surtout avec celle du régime de retraite de base des salariés. Celui-ci est au cœur des discussions des partenaires sociaux qui ont l’obligation de trouver d’éventuels aménagements à la réforme de 2023. Ce système va enregistrer un déficit de 6 milliards d’euros cette année, selon la Cour des comptes. Et le trou devrait encore s’élargir les années prochaines.