Défense : Donald Trump veut construire un Dôme d’or au-dessus des États-Unis

Le président américain Donald Trump a annoncé mardi la construction d’un « Dôme d’or », un puissant système de défense censé intercepter des missiles jusque dans l’espace. Jamais vu jusqu’alors, cette bulle de protection devrait coûter jusqu’à 542 milliards de dollars selon les spécialistes. C’est une somme astronomique. Mais il n’y a pas qu’un obstacle financier à surmonter.
Un projet pharaonique. Donald Trump a annoncé mardi, depuis la Maison blanche, un projet de construction d’un « Dôme d’or » ou « Dôme doré » (« Golden Dôme » en anglais) aux États-Unis. Il s’agit d’un puissant système de défense censé protéger le ciel américain contre des attaques de missiles balistiques ou hypersonique, en les interceptant jusque dans l’espace. « Une fois construit, le ‘dôme d’or’ sera capable d’intercepter des missiles, nucléaires ou conventionnels, même s’ils sont lancés de l’autre côté de la planète ou depuis l’espace », a assuré Donald Trump lors d’un briefing dans le Bureau ovale.
Donald Trump avait déjà évoqué le projet lors de son premier mandat
Cette bulle de protection viserait en particulier les menaces de missiles venus de la Chine, de la Russie, de la Corée du Nord et potentiellement de l’Iran, les quatre ennemis consubstantiels de l’Amérique. Donald Trump avait déjà évoqué ce projet vers la fin de son premier mandat, en 2019. Dès son retour au pouvoir, fin janvier 2025, il a pris un décret pour le concrétiser. La Russie et la Chine avaient critiqué cette décision. Moscou y voyait un plan « comparable à la guerre des étoiles » soutenu par Ronald Reagan durant la guerre froide. Quant à Pékin, il s’était dit « extrêmement préoccupée » par l’annonce d’un bouclier antimissile et avait appelé les États-Unis à y renoncer.
La Chine effarouchée par le Dôme d’or
Ce mercredi, la Chine a encore protesté contre l’annonce de Donald Trump, déclarant que ce projet allait « porter atteinte » à la « stabilité mondiale ». La Russie, elle, a adouci le ton, affirmant comprendre le plan américain car c’est une question de « souveraineté ». Toutefois, elle demande aux États-Unis de garder des contacts « nécessaires ». Moscou souhaite certainement conserver les bonnes grâces de Washington sur le dossier ukrainien. Sous l’administration Trump, il n’a rien à craindre contrairement à Pékin, grand rival du 47e président américain.
Le projet n’est pas farfelu
Bien que fou, comme tout ce qui sort de l’esprit de Trump, le projet d’un Dôme d’or protégeant les États-Unis jusque dans l’espace n’est pas farfelu. Ce n’est d’ailleurs pas une initiative du dirigeant républicain. Déjà dans les années 80, en pleine guerre froide, le président Ronald Reagan avait lancé une « initiative de défense stratégique », baptisée « Star Wars », pour contrer une éventuelle attaque nucléaire soviétique. Mais à l’époque, les technologies n’étaient pas assez matures pour réaliser ce rêve. George Bush avait également tenté d’étudier le dossier.
Un système inspiré du Dôme de fer d’Israël
Notons également que le Dôme d’or s’inspire du Dôme de fer d’Israël. Celui-ci est capable d’intercepter des milliers de roquettes et des missiles, mais d’une portée limitée. Par ailleurs, ce système protège en laissant des trous dans la raquette comme on le constate actuellement avec les attaques de missiles des Houthis et celles de l’Iran l’année dernière. Dans le cas des États-Unis, le défi sera tout autre. Il faudra assurer la protection d’un pays de près de 10 millions de kilomètres carrés (445 fois plus grand que le territoire israélien) contre des menaces plus importantes (missiles intercontinentaux, missiles tirés depuis un sous-marin, planeurs hypersoniques, missiles de croisière, systèmes de bombe orbitale par exemple).
Les États-Unis peuvent-ils construire ce Dôme d’or ?
En outre, le Dôme d’or pourrait chauffer en cas d’attaques massives des puissances militaires suscités. Et puis, on se demande si les États-Unis disposent de technologies nécessaires pour ce projet. Selon un document divulgué par une agence du Congrès américain, le système devra disposer notamment de capteurs spatiaux de poursuite pour les menaces hypersoniques et balistiques, d’intercepteurs spatiaux, de capacités d’interception en phase terminale (lorsque le missile est proche de la cible), de satellites de surveillance, de radars de détection et d’armement pour la destruction (monté sur des batteries THAAD ou sur l’avion de combat F-35, par exemple).
Des obstacles techniques et financiers à relever pour le Dôme d’or
Si certains équipements se trouvent déjà dans l’inventaire américain ou devraient faire l’objet de modernisation, d’autres doivent êtres encore développés. Cela prendra du temps. Or Donald Trump a promis que sa bulle de protection sera construite d’ici la fin de son mandat, en 2028. Les experts jugent cette échéance peu crédible. Aussi, il estiment que le budget prévu de 175 milliards de dollars est irréaliste. Celui-ci devrait dépasser les 542 milliards de dollars sur vingt ans, d’après les premiers calculs. Enfin, même si Trump remportait son pari, les spécialistes militaires craignent une nouvelle course mondiale à l’armement pour se doter de cette technologie. Ce qui ruinerait des économies et fragiliserait certains pays, comme ce fut le cas de l’URSS dans les années 60 à 90.