La cigarette n’a plus trop la cote, même chez les jeunes

Si elle constituait un facteur d’intégration et un signe « coolitude », la cigarette n’a plus autant de cote auprès des jeunes. C’est ce qu’indique une enquête de Santé Publique France publiée à quelques jours de la journée mondiale sans tabac, le 31 mai. Selon cette étude, les fumeurs sont aujourd’hui majoritairement mal vus dans une société qui prend de plus en plus conscience des ravages du tabac sur le corps.
Le mardi 27 mai, à l’approche de la Journée mondiale sans tabac du 31 mai, Santé publique France (SpF) a publié une étude consacrée aux « Perceptions du tabagisme parmi les 18-75 ans ». Cette étude repose sur une enquête téléphonique réalisée en 2022, dont les réponses ont été comparées aux données de plusieurs baromètres de l’organisme, remontant jusqu’à 2005. L’objectif était de « mieux comprendre les dynamiques d’arrêt du tabac et les profils de ceux qui parviennent à se défaire de cette addiction.
Un tiers des fumeurs français ont abandonné la cigarette ces cinq dernières années
Il ressort de cette enquête que la part d’adultes fumeurs quotidiens a considérablement baissé ces dernières années. Elle est passée de 40 % dans les années 1970, puis d’environ 30 % entre 2000 et 2015, à 24 % entre 2016 et 2019. Le nombre de fumeurs en France lui s’élève à 15 millions, dont 12 millions de fumeurs quotidiens. SpF note également qu’aujourd’hui, 23,9 % des adultes français de 18 à 85 ans sont d’anciens fumeurs quotidiens. Parmi ce groupe, un tiers (29,8 %) a arrêté ces cinq dernières années.
Fumer n’est plus forcément cool
Cette baisse des fumeurs s’observe également chez les jeunes qui font face aux normes sociales. Selon l’enquête de SpF, deux tiers des personnes interrogées en 2022 (66,6%) expliquaient que le fait de fumer est mal perçu dans la société et un peu plus de la moitié (52,5 %) pensent qu’aujourd’hui un fumeur est moins accepté qu’un non-fumeur. La cigarette serait donc de moins en moins vue comme un moyen permettant d’intégrer un groupe et de paraître cool. Cette situation peut d’abord s’expliquer par le désastre causé par le tabagisme.
La cigarette fait également des décès indirects
Selon Santé Publique France, le tabagisme a causé 75.000 décès en 2015, soit 13% des décès. C’est la première cause de mortalité évitable en France. Mais ce n’est pas tout. L’exposition passive à la fumée du tabac (le fait de se trouver à proximité d’une personne qui fume) fait 3.000 à 5.000 morts par an, selon les chiffres officiels. Une raison de plus de ne pas tolérer qu’on tire une « clope » à côté de soi. Les jeunes ont ainsi de plus en plus tendance à fuir les fumeurs. SpF note en outre qu’en plus de risques de décès, il y a certains dispositifs qui encouragent à stopper la cigarette, comme les aides proposées et les politiques de santé publiques. Sans oublier la dépendance financière au tabac.
Les perceptions positives du tabac en légère hausse ces dernières années
Les données de SpF indiquent par ailleurs que les fumeurs qui partagent une perception négative du tabac ont plus de chance d’arrêter de fumer. Aussi, près de neuf fumeurs sur dix (86,3%) approuvaient l’affirmation suivante : « les personnes qui comptent pour vous pensent que vous ne devriez pas fumer ». Toutefois, les perceptions positives du tabac sont en légère hausse ces dernières années, même si les chiffres restent largement inférieurs aux perceptions de la décennie précédente. En 2015, par exemple, 21,7 % des sondés déclaraient être d’accord avec l’affirmation selon laquelle « fumer permet d’être plus à l’aise dans un groupe ». En 2017, ils étaient 27,3 % contre 37,1 % en 2005.
Il faut dénormaliser la cigarette dans les mœurs
D’après l’étude de SpF, les individus plus jeunes et avec un niveau de diplôme moins élevé sont plus enclins à percevoir le tabagisme comme un comportement socialement acceptable. Les inégalités sociales rentrent donc aussi en compte. Entre 2016 et 2019, l’arrêt du tabac était ainsi associé à l’âge, à un niveau de diplôme supérieur au bac, à sa situation financière. En 2021 s’y est ajouté l’usage quotidien de la cigarette électronique. Face au fléau du tabagisme, SpF recommande aux autorités de lutter contre les inégalités sociales. L’agence appelle aussi à dénormaliser le tabac dans les mœurs et à interdire la cigarette dans les espaces extérieurs publics comme les terrasses ou les espaces verts.