Cameroun : la nouvelle candidature de Paul Biya suscite des inquiétudes

Le président camerounais Paul Biya, âgé de 92 ans, a annoncé qu’il se présentera à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain. Cette nouvelle candidature, après 43 ans de règne déjà, inquiète les marchés financiers. Les agences de notation pointent un risque d’instabilité lié à l’absence de plan de succession clair. Fort de ce risque, elles appellent à plus de clarté et de garanties sur le processus électoral, la gouvernance et la continuité des engagements économiques.
Paul Biya, plus vieux dirigeant au monde actuellement, a annoncé début juillet qu’il se présentait à la présidentielle du 12 octobre prochain, alors qu’il a déjà passé 43 ans au pouvoir. Dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, il a attribué sa décision de briguer un huitième mandat aux « appels nombreux et insistants des dix régions » de son pays et de la diaspora. Un classique…Le président camerounais a assuré ses compatriotes de sa « détermination » à les « servir à la hauteur des défis importants » auxquels ils sont confrontés.
L’opposition désunie au Cameroun
Cette nouvelle candidature, que l’on voyait venir depuis son discours à la nation de la fin d’année 2024, suscite des inquiétudes au Cameroun, où l’opposition tente de s’unir. Malheureusement, chaque leader veut tirer la couverture à soi. Parmi ces derniers figurent trois anciens ministres : Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maigari, tous deux du Nord, et Maurice Kamto. Ce dernier est arrivé officiellement deuxième lors de la dernière présidentielle en 2018. Cet ancien ministre délégué à la justice a passé neuf mois en prison pour avoir contesté les résultats du scrutin.
Paul Biya remanie son appareil sécuritaire
La candidature de Paul Biya fait se répandre toute sorte de rumeurs, y compris celle d’un coup d’Etat. Le dictateur a été contraint de remanier son appareil sécuritaire pour éviter un scénario à l’AES. Cette situation inquiète les marchés financiers. Les géants du rating mondial tels que Fitch Ratings, Standard & Poor’s (S&P) et Moody’s identifient la présidentielle camerounaise de 2025 comme un facteur de risque majeur, à cause des incertitudes liées à une possible transition politique délicate.
Plus de clarté et de garanties sur le processus électoral
Le spectre d’une instabilité post-électorale ou d’un vide institutionnel préoccupe les marchés financiers d’autant plus que la question de la succession reste taboue même au plus haut niveau de l’État. Personne n’ose en parler, de peur de tomber en disgrâce ou de s’attirer des ennuis. Face au climat politique trouble et aux risques d’instabilité macroéconomique, les agences de notation exigent plus de clarté et de garanties sur le processus électoral, la gouvernance et la continuité des engagements économiques.
Près de 75% des jeunes au chômage au Cameroun
Dans un rapport publié en juin, S&P mettait en garde les investisseurs qui s’intéressent au Cameroun en les prévenant que le pays est confronté à un risque élevé de troubles sociaux, liés notamment à la hausse continue du prix du carburant. Au Cameroun, l’inflation continue d’éroder le pouvoir d’achat, avec un taux de 5% enregistré en 2024, selon les chiffres officiels. De plus, le chômage frappe massivement, touchant jusqu’à 74 % des jeunes. Sur les réseaux sociaux, les Camerounais se plaignent constamment de la cherté de la vie et de la précarité des conditions de vie. Mais ils restent inaudibles pour Paul Biya, contrairement à des groupuscules qui appellent à un autre mandat…
Des tensions politiques grandissantes au Cameroun
De son côté, Fitch Ratings estimait dans un rapport de novembre 2024 que « l’instabilité politique sera un facteur majeur qui influencera sa note souveraine ». En mai 2025, l’agence a maintenu sa note du Cameroun à B, assortie d’une perspective négative. Elle a évoqué à nouveau « les tensions politiques grandissantes à l’approche de la présidentielle » , ainsi qu’une « gouvernance budgétaire encore fragile « , et « des déficiences dans la gestion des finances publiques ». Pour sa part, Moody’s a maintenu en février 2025 la note Caa du pays, malgré des indicateurs macroéconomiques jugés stables à moyen terme. Les agences scrutent désormais la réaction de l’opposition camerounaise.