Taux directeurs : la BCE devrait opter pour le statu quo

Après huit baisses consécutives de ses taux directeurs, la Banque centrale européenne (BCE) devrait opter pour le statu quo ce jeudi 24 juillet. L’institution de Francfort attendra la décision de Donald Trump sur ses droits de douane punitifs. Le président américain s’exprimera le 1er août.
Selon plusieurs économistes, la Banque centrale européenne (BCE) devrait maintenir ses taux inchangés lors de sa réunion monétaire de ce jeudi 24 juillet. Actuellement le taux sur les dépôts bancaires ou taux directeur, sa référence absolue, se situe à 2 %.
La BCE devrait attendre le 1er août
« La BCE préférera attendre et voir si quelque chose la pousse à sortir de l’équilibre dans lequel elle se trouve », a déclaré Salomon Fiedler, économiste chez Berenberg. Cette chose, ce sont en grande partie les droits de douane américains. Après un report de 90 jours, puis un autre mois de sursis, Donald Trump pourrait imposer ses tarifs douaniers le 1er août prochain. Cette date approche, et Washington met la pression sur Bruxelles. Depuis le 13 juillet, le président américain agite la menace d’une taxe de base de 30 % sur les exportations européennes, contre 20% prévu en avril dernier au moment de l’annonce des droits de douane punitifs.
Donald Trump pourrait taper plus fort en cas de riposte
Ce taux de 30% pourrait encore augmenter si l’Union européenne (UE) décidait de riposter. Donald Trump n’aime pas qu’on lui résiste. Ainsi, si Bruxelles s’engage dans un bras de fer, le locataire actuel de la Maison blanche n’hésitera pas à ajouter un autre 0 aux 30% annoncés ou au moins à multiplier ce pourcentage par cinq comme pour la Chine. Une telle décision pourrait avoir des conséquences néfastes sur l’économie européenne et mondiale. Les analystes estiment qu’il est peu probable que les politiques européennes répliquent, d’autant que Washington pourrait se contenter des 20% de droits de douane.
Les prévisions actuelles de la BCE jugées trop optimistes
Toutefois, si Donald Trump décide d’imposer 30% de tarifs douaniers, voire plus, la BCE sera contrainte de réévaluer ses scénarios. En juin, l’institution financière européenne avait fondé ses prévisions économiques sur l’hypothèse de droits de douane américains limités à 10 % sur les exportations du Vieux continent. Cette hypothèse est jugée trop optimiste par plusieurs analystes, au vu de l’escalade verbale entre les Américains et les Européens.
La crainte d’une plus grande pression déflationniste de la part de la Chine
Gilles Moec, économiste en chef d’AXA, pense que nous allons nous retrouver « avec des droits de douane assez élevés, probablement pas de 30%, mais tout de même assez élevés » pour être « confrontés à une plus grande pression déflationniste de la part de la Chine ». Les dirigeants européens craignent effectivement de voir l’empire du milieu déverser des produits à prix réduits sur l’Union européenne, ce qui pourrait accentuer la désinflation. La récente avait été provoquée par la baisse des prix de l’énergie et l’annonce des hausses des droits de douane par l’administration américaine.
La BCE anticipe une hausse des prix
Cette désinflation inquiète d’autant qu’on n’en peut en mesurer l’ampleur. Pis, les responsables de politique monétaire ont abaissé les taux en juin face à des perspectives d’inflation de 1,4% début 2026, en dessous de l’objectif de 2% de la BCE. Francfort a déjà évalué qu’un droit de douane de 20%, et les représailles de l’UE qui s’ensuivraient, feraient plonger l’inflation en dessous de 2% en 2027, au lieu d’atteindre l’objectif fixé actuellement. Au contraire, des mesures de relances budgétaires massives, comme celles adoptées par l’Allemagne, pourraient soutenir la hausse des prix. Pour l’heure, la BCE ne devrait pas toucher à son taux directeur. Elle atteindra le 1er août et la décision de Donald Trump.