Santé : les médecins toujours plus nombreux, mais inégalement repartis

Selon un récent rapport de la Drees, il y avait 237 000 médecins en activité en France au 1er janvier 2025, soit une hausse de 9,9% par rapport à 2012. Malgré cette hausse des professionnels de santé, les déserts médicaux persistent, autant en campagne que dans les zones urbaines. Comment expliquer cela ?
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, le 31 juillet, les données sur la démographie des médecins, des pharmaciens, des chirurgiens-dentistes, des sages-femmes et des pédicures podologues au 1er janvier 2025. Ces données sont issues du répertoire partagé des professionnels intervenant dans le système de santé (RPPS).
Une augmentation de près de 10% des médecins entre 2012 et 2025
D’après ce rapport, la France comptait 237 200 médecins en activité au 1er janvier 2025. C’est une hausse de 1,6 % par rapport à l’année précédente et une augmentation de 9,9 % par rapport à 2012. Cette progression, souligne la Drees, est stimulée par un effectif croissant de médecins diplômés à l’étranger et par l’entrée en activité des générations ayant bénéficié du numerus clausus (de la hausse du nombre de places de formation), en forte hausse entre 2000 et 2020. En rapportant le nombre de professionnels de santé à la population, on a en moyenne 1 médecin pour 288 Français en 2025, contre 1 médecin pour 305 Français en 2012. Il y a donc dû mieux.
Cette hausse pas suffisante pour améliorer l’accès aux soins
Si les médecins sont de plus en plus nombreux, la logique voudrait que les déserts médicaux prennent fin ou baissent. Mais cela n’est pas le cas en France. « Cette hausse n’est pas suffisante pour que l’accès aux soins de la population s’améliore », déplore le docteur Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins. Le docteur pointe des écarts territoriaux « considérables », dans le rural mais aussi dans le périurbain. « Aujourd’hui les zones en tension médicale sont une réalité de l’ensemble du territoire national. Il y a eu une tension particulière sur l’insuffisance de médecins traitants par rapport à une population qui continue et continuera à vieillir », relève-t-il.
Pas d’amélioration substantielle des déserts médicaux avant quelques années
Pour Jean-Marcel Mourgues, il ne faut pas s’attendre à une « amélioration substantielle » des déserts médicaux pour « quelques années » encore. Une autre raison cette situation se trouve dans l’étude de la Drees. En effet, si le nombre de médecins est en hausse soutenue depuis plus d’une décennie, cela s’explique en grande partie par une envolée du nombre des médecins spécialisés (+2.1 % sur la dernière année). Depuis 2012, ils sont passés de 114 500 à 137 200, tandis que les médecins généralistes stagnent autour de 100 000, progressant seulement de 1,0% sur la période.
En 2023, plus de la moitié des Français estimaient qu’il n’y avait pas suffisamment de médecins généralistes près de chez eux
« Autrefois, c’était réparti à 50/50 entre médecine générale et spécialisée. Maintenant c’est plutôt 40/60, avec 40 % de médecine générale », confirme Jean-Marcel Mourgues. Parmi les spécialistes, les psychiatres sont les plus nombreux (environ 16 000), devant les chirurgiens (14 300). Ces données corroborent les derniers chiffres du baromètre d’opinion de la Drees. Selon cette enquête, 56 % des Français estimaient qu’il n’y avait pas suffisamment de médecins généralistes près de chez eux en 2023, contre 21 % en 2002.
Une proposition de loi pour réguler l’installation des médecins en France
Cette situation reflète une situation de raréfaction de l’offre de soins et son inégale répartition sur le territoire, à la fois pour les soins de premier recours et les soins spécialisés. D’où d’importantes disparités entre régions et types d’espaces, avec notamment des difficultés à trouver des horaires pour des rendez-vous en cabinet. Ces problèmes sont au cœur des débats actuels. Pour les résoudre, le gouvernement a annoncé fin avril un plan dédié et deux propositions de loi ont été émises pour lutter contre les déserts médicaux, dont la loi Garot qui vise à réguler l’installation des médecins. Mais ce texte fait l’objet d’une vive contestation de la part des professionnels de santé.