Maroc : la Gen Z mobilisée dans la rue et sur les réseaux sociaux

Alors qu’il doit accueillir la CAN 2025 dans deux mois, le Maroc est confronté à une mobilisation sans précédent de sa Gen Z. Depuis quelques jours, la jeunesse du Royaume manifeste dans plusieurs villes du pays et se fait également entendre sur les réseaux sociaux. Elle revendique l’amélioration de l’éducation publique, la rénovation du système de santé et l’accès à l’emploi.
« On n’a pas besoin de foot, mais de meilleures conditions de vie ». Depuis le weekend dernier, des milliers de jeunes marocains manifestent dans les principales villes du Royaume (Rabat, Marrakech et Casablanca) pour exiger l’amélioration de l’éducation publique, une réforme du système de santé et l’accès à l’emploi. Des dizaines d’entre eux ont été interpellés par les forces de l’ordre lors des rassemblements du dimanche 28 et du lundi 29 septembre. Hakim Sikouk, président de la section de Rabat de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), a fait état de plus de 100 arrestations. Son organisation condamne cette répression, tout comme le Parti socialiste unifié (PSU), qui a dénoncé une « approche sécuritaire excessive ».
Le mouvement a émergé à la mi-septembre sur la plateforme Discord
Ces manifestations, qui ont éclaté après la mort de plusieurs femmes dans un hôpital d’Agadir, sont conduites par le collectif Gen Z 212. Ce nom fait référence à la « Génération Z » (née entre 1997 et 2012) et au code téléphonique international du Maroc, « 212 ». Le mouvement est apparu à la mi-septembre sur la plateforme Discord, où il fédère aujourd’hui près de 10 000 personnes. On ne connait pas ses fondateurs, mais le collectif se présente comme un « espace de discussion » autour de « questions comme la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption ». Aussi, il clame « son amour pour la patrie » et se veut non partisan, même si des formations politiques participent aux rassemblements, globalement pacifiques.
La Gen Z également mobilisée sur les réseaux sociaux
Cette Gen Z marocaine ne s’exprime pas que dans la rue. Elle se fait également entendre sur les réseaux sociaux, dont Facebook, Instagram et TikTok, avec le hashtag #GENZ212. Des vidéos circulant sur ces plateformes numériques montrent la mobilisation, ainsi que les arrestations. Elles relaient le message du collectif sous le slogan « Liberté – Dignité – Justice ». Des humoristes, des acteurs et des influenceurs ont joint leurs voix à celles des jeunes sur Internet. Ils saluent l’émergence d’une génération patriotique et consciente, engagée dans une démarche pacifique. Ces créateurs de contenus dénoncent aussi une réaction brutale des autorités, face à une simple expression citoyenne.
Les Marocains souffrent à côté des stades flamboyants
Dans leur prise de parole, les jeunes marocains affirment que leur pays ne peut pas réduire son image aux stades flamboyants et aux grands événements culturels. Cela d’autant qu’il y a des milliers de familles incapables de payer des soins, des millions de jeunes privés d’une école digne et des millions citoyens qui peinent à trouver un logement. Pour la Gen Z, il faut mieux investir les fonds publics et mettre fin à la corruption qui gangrène l’administration. Sur la toile marocaine, l’un des mots-clés les plus répandus est #BoycottLaCAN. Le Royaume accueille, en effet, la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 en décembre et janvier prochain. Il prépare aussi la Coupe du monde 2030, co-organisée avec l’Espagne et le Portugal.
La Gen Z se révolte dans le monde entier
Certains dignitaires du pouvoir voient dans les manifestations de la Gen Z, des manœuvres extérieures et des complots internationaux contre la monarchie. Mais les jeunes marocains ont déjà fait savoir qu’ils n’ont rien contre Mohamed VI en particulier, mais contre le gouvernement. En niant sa prise de conscience des réalités sociales et économiques du pays, les autorités insultent en quelque sorte l’intelligence de la jeunesse marocaine. Par ailleurs, le choix de la répression des manifestants pourraient radicaliser ces derniers et conduire à des actions plus violentes voire au chaos. Comme ce fut le cas récemment au Kenya et au Népal, et maintenant à Madagascar, avec chaque fois la Gen Z aux avant-postes.