innovationtechnologieune

Aviation : des airbags géants pour survivre à un crash ?

Sera-t-il bientôt possible de survivre à un crash ? Deux jeunes ingénieurs indiens ont imaginé des airbags géants pour limiter les dégâts d’un accident d’avion. Alimenté par l’IA, ce système se déploie en quelques secondes en cas de catastrophe imminente. Il serait capable de réduire de 60% les forces d’impact.

Contrairement à la voiture, au bateau ou au train, il est quasiment impossible de survivre à un accident d’avion, surtout lorsque la panne survient à haute altitude. À basse altitude, certains passagers peuvent en réchapper, comme en juin dernier en Inde. Un Boeing 787 d’Air India s’est écrasé juste après son décollage à Ahmedabad, provoquant la mort de 260 personnes à bord et au sol. Il y a eu un survivant, un miraculeux.

Les airbags géants envelopperaient l’avion comme un cocon protecteur pour limiter les dégâts d’un crash

Ce drame a poussé deux jeunes ingénieurs indiens du Birla Institute of Technology and Science à Dubaï à repenser entièrement les systèmes de sécurité aéronautique. Eshel Wasim et Dharsan Srinivasan – ce sont leurs noms – ont développé le projet Rebirth (renaissance), un système d’airbags géants qui, en cas d’urgence extrême, envelopperait l’avion comme un cocon protecteur pour limiter les dégâts lors d’un atterrissage brutal.

Le dispositif est géré par une intelligence artificielle (IA), renforcée par des capteurs qui surveillent en permanence l’altitude, la vitesse, l’état des moteurs et les commandes de pilotage. Contrairement aux solutions actuelles, il vise à permettre aux passagers de survivre à un crash et non d’éviter un accident. Si elle se concrétise, une telle technologie ferait énormément évoluer la sécurité aérienne et pourrait rassurer ceux qui ont une grande peur de l’avion.

Les airbags géants sont en kevlar, Zylon, TPU et fluides non newtoniens

Rebirth est conçu comme une série de réactions automatiques déclenchées par une IA embarquée. Dès qu’un crash devient inévitable à moins de 3 000 pieds d’altitude, le système orchestre une cascade d’actions, dont la principale est le déploiement en moins de deux secondes d’une bulle d’airbags extérieurs qui recouvre la proue, le ventre et la queue de l’appareil. Ces coussins multicouches sont en kevlar, Zylon, TPU et fluides non newtoniens. Ils ont pour but d’absorber l’énergie de l’impact lors d’un atterrissage brutal.

Le système met aussi à contribution les moteurs. Si ces derniers fonctionnent encore, il active automatiquement les inverseurs de poussée pour freiner l’appareil en vol de 8 à 20%. Dans le cas contraire, si les moteurs sont hors service, les propulseurs à gaz se déclenchent pour réduire la vitesse de l’avion et le stabiliser quand il se pose.

Une balise infrarouge et des coordonnées GPS pour guider rapidement les secours

Disposés tout autour de l’avion, des capteurs analysent également un tas de données, dont la vitesse, l’altitude, le moteur, la trajectoire et les réactions du pilote. Ce dernier peut toujours désactiver le système manuellement si nécessaire. Rebirth intègre en outre un outil de localisation, qui s’active lors de la chute, une balise infrarouge et des coordonnées GPS pour guider rapidement les équipes de secours vers le lieu de l’accident. Des simulations informatiques montrent que cette technologie pourrait réduire les forces d’impact de plus de 60%. Un tel gain donnerait à de nombreux passagers la chance de sortir vivant d’un crash. Ainsi, Rebirth ne vise pas à éviter un accident d’avion, mais à offrir une possibilité réelle d’en réchapper.

Les airbags géants n’existent qu’à l’état de prototype en laboratoire

L’équipe d’ingénieurs précise que sa technologie peut fonctionner sur des avions neufs comme anciens en tant que système de survie en cas de crash. Elle prévoit de collaborer avec les constructeurs et les laboratoires pour concevoir des modèles grandeur nature et tester le système en soufflerie ainsi que lors de simulations de crash. Pour l’instant, Rebirth n’existe qu’à l’état de prototype. Le projet figure toutefois déjà parmi les nominés du James Dyson Award 2025. Ce concours qui porte le nom de l’inventeur de l’aspirateur sans sac récompense des inventions dans le domaine du design et de l’ingénierie.

Des sceptiques au projet Rebirth

Comme bien d’autres projets avant lui (notamment l’idée de parachutes pour les avions), Rebirth a ses sceptiques. Jeff Edwards, ancien bombardier de l’US Navy et fondateur du cabinet de conseil AVSafe, pointe de gros défis à relever avant de voir une telle technologie dans les avions un jour. Il note notamment qu’il faudra résoudre le problème du poids de l’appareil, qui pourrait être plus lourd avec des airbags géants. Il affirme également qu’il faudra mener des tests bien plus poussés que ceux effectués jusqu’à présent.

Conscients des difficultés à résoudre, les ingénieurs de Rebirth restent optimistes et préfèrent voir ce qu’un tel système représente. « C’est une réponse au deuil – une promesse que même dans l’échec, une deuxième chance est possible », expliquent-ils. L’avenir nous dira s’ils remporteront leur pari. S’ils réussissent, ce sera sûrement l’invention du siècle.