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Bruxelles veut faire travailler l’épargne des Européens

L’épargne des Européens pèse aujourd’hui près de 10 000 milliards d’euros. Bruxelles veut faire travailler cet argent qui dort sur les comptes bancaires, au bénéfice de l’économie européenne. Pour pouvoir le faire, il prévoit le déploiement d’une nouvelle stratégie, qui mêle incitations fiscales, produits accessibles et éducation financière. 

Les Européens épargnent beaucoup. Aujourd’hui, près de 10 000 milliards d’euros d’épargne des ménages reposent sur les comptes bancaires de l’Union européenne (UE). Soit l’’équivalent du PIB cumulé de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et de l’Espagne sur une année. Si elle est sécurisée, cette épargne est très peu productive et perd même de sa valeur en période d’inflation. Déposés sur des livrets ou comptes à faible rendement, elle ne contribue ni à la croissance économique, ni à la transition énergétique ou numérique, se plaint Bruxelles. Pire encore, une partie de cette manne traverse l’Atlantique pour être investie aux États-Unis, où les produits financiers offrent souvent de meilleurs rendements.

L’UE dévoile une stratégie ambitieuse pour rendre utile l’épargne des Européens 

Pour la Commission européenne, cette situation est problématique au moment où l’Europe doit financer ses propres priorités, à savoir la réindustrialisation, la transition écologique et la souveraineté numérique. Pour rendre utile l’épargne des Européens à l’économie de l’UE, elle dévoile une stratégie ambitieuse baptisée Union de l’épargne et de l’investissement. Celle-ci comprend plusieurs mesures incitatives, dont la création de nouveaux produits d’épargne, simples, accessibles et attractifs. Bruxelles songe notamment au lancement d’un compte d’épargne-investissement dans chaque pays.

Faire travailler l’épargne des Européens pourrait générer jusqu’à 470 milliards d’euros d’investissements supplémentaires par an

Ce produit n’impliquerait pas de frais et ne fixerait pas de montant, tout en offrant des avantages fiscaux. Il serait orienté vers le financement des entreprises européennes, des grands projets du continent, de  l’innovation et de la transition écologique. Selon les calculs de la Commission européenne, cette stratégie pourrait générer jusqu’à 470 milliards d’euros d’investissements supplémentaires par an. Pour attirer les épargnants, elle imagine des placements non risqués, accessibles dès 10 euros, à investir dans des actions, obligations ou fonds.

L’UE va lancer une campagne d’éducation financière

Mais la fiscalité seule ne suffira pas. Si aujourd’hui peu d’Européens investissent avec leurs épargnes, c’est parce qu’ils ne possèdent pas une véritable culture financière. Bruxelles veut inverser cette tendance en lançant une vaste campagne d’éducation financière dans les États membres de l’UE.

Cette opération consistera à expliquer les bases de l’investissement et les avantages des placements à long terme, mais aussi les risques. D’après la commissaire européenne Maria Luís Albuquerque, cette stratégie permettra à l’Europe de garder ses capitaux sur son sol pour financer ses propres besoins. Toutefois, il faudra d’abord convaincre les pays européens d’harmoniser leurs fiscalités et de proposer de meilleurs rendements que les États-Unis.