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Novasco : l’État va poursuivre en justice le repreneur Greybull

L’État a annoncé lundi, par la voix du ministre délégué à l’Industrie, qu’il attaquerait en justice Greybull, qui a repris NovAsco il y a un an, pour des promesses de financement non tenues. Selon Sébastien Martin, le fonds d’investissement britannique n’a investi que 1,5 million d’euros sur les 90 promis. De son côté, Greybull assure « avoir honoré toutes [ses] obligations ».

Le nouveau ministre de l’Industrie Sébastien Martin a annoncé, le lundi 17 novembre, que le gouvernement français va poursuivre en justice le fonds britannique Greybull Capital pour promesses d’investissement non tenues, un an après avoir repris l’aciériste Novasco (ex-Ascométal). « À force de non-réponse de la part de Greybull, j’ai pris la décision hier matin d’engager une procédure judiciaire parce qu’il n’est pas question que ces gens s’en lavent les mains et quittent le territoire sans assumer leurs responsabilités », a déclaré le ministre.

Greybull n’a apporté que 1,5 million d’euros sur les 90 promis 

Selon Sébastien Martin, Greybull Capital, qui a repris Novasco en 2024, avait promis d’investir 90 millions d’euros pour sauver le groupe de la liquidation, dont 15 millions d’euros en fonds propres. Il n’en aurait apporté que 1,5 million à ce jour. Trop peu pour éviter les fermetures d’usine.

L’État, lui, devait verser 85 millions. « Nous les avons apportés. Ce n’est pas l’Etat qui est en cause », assure Sébastien Martin à l’AFP. Le ministre calcule que le fonds d’investissement britannique doit toujours 88,5 millions d’euros aux salariés, aux habitants d’Hagondange [l’un des sites menacés de fermeture] et à tout ce territoire.

Sébastien Martin jure qu’il ne laissera plus passer ce genre d’agissements 

Invité mardi matin sur le plateau de BFMTV, Sébastien Martin a affirmé qu’une telle situation « n’était pas acceptable », tout en déplorant un comportement de « voyou ». Il a également garanti le soutien du gouvernement aux salariés à toute procédure judiciaire qui serait engagée par eux. En outre, le ministre a promis qu’il sera « vigilant » face à des fonds d’investissement « qui n’auraient pas de projet industriel sérieux ».

Notons que ce même lundi, le tribunal de Strasbourg a retenu l’offre de « cession partielle » à la PME ardennaise Métal Blanc, qui prévoit de ne reprendre qu’une seule usine : celle située à Leffrinckoucke, près de Dunkerque (Nord), qui compte 144 salariés. Sébastien Martin avait déjà jugé ce projet industriel beaucoup plus sérieux.

Greybull dit avoir honoré ses engagements 

De son côté, l’investisseur britannique Greybull Capital estime dans un communiqué envoyé lundi aux « Echos » qu’il a « honoré toutes [ses] obligations » et que « les financements promis n’ont jamais fait défaut ». Le fonds assure avoir « porté un projet industriel très ambitieux pour l’ensemble des sites de Novasco […] avec une reprise de la quasi-totalité des emplois ». Aussi, Greybull dit avoir cru profondément en ce projet, mais que son exécution a été rendue impossible par « l’état réel de l’entreprise ».

Novasco, qui fabrique des aciers spéciaux, notamment pour le secteur automobile, vit son quatrième redressement judiciaire depuis 2014. Compte tenu de la situation actuelle, 549 emplois sur 750 sont menacés de suppression sur les trois autres sites de Saint-Etienne, Custines (Meurthe-et-Moselle) et Hagondange (Moselle).