Semi-conducteurs : Intel à l’école de TSMC

Selon les médias Reuters et The Information, Intel et TSMC vont lancer une coentreprise pour la fabrication de puces IA. Le géant taïwanais des semi-conducteurs aura une participation de 20% et le groupe américain probablement les 80% restants. La création de cette joint-venture permettrait à Intel, mal en point depuis plusieurs mois, de bénéficier de l’expertise de TSMC, et à ce dernier d’éviter les droits de douane américains, tout en sécurisant sa production aux États-Unis face aux velléités d’invasion de la Chine.
D’après des informations de Reuters et de The Information, Intel et TSMC ont décidé de créer une co-entreprise aux États-Unis pour la modernisation de la fabrication de puces du groupe américain, en grande difficulté depuis plusieurs mois. Le géant taïwanais des semi-conducteurs devrait prendre une participation de 20% dans cette joint-venture et Intel les 80% restants. Mais certaines sources affirment que NVIDIA, Broadcom et AMD pourraient également prendre des participations.
Intel évite le démantèlement
Cette co-entreprise est l’option finalement choisie pour sauver Intel, alors que plusieurs pistes étaient sur la table. L’une d’elles étaient de partager le fabricant américain entre Broadcom, qui prendrait possession de la branche conception et marketing, tandis que TSMC mettrait la main sur ses usines. Cependant Washington ne comptait pas perdre un de ses fleurons technologiques, surtout après avoir débloqué plusieurs subventions pour le sauver (plus de 8 milliards de dollars).
Intel enchaîne les échecs et les pertes
Ce serait même l’administration Trump qui a demandé le rapprochement entre Intel et TSMC. Elle chercherait à soutenir les efforts de redressement d’Intel, qui fait face à des difficultés pour maintenir sa position de leader dans l’industrie. L’année dernière, le fondeur américain a enregistré une perte nette de 18,8 milliards de dollars, et une baisse de 60 % de son titre boursier, suite à ses récents échecs technologiques. Ces difficultés ont aussi provoqué le départ de son PDG Pat Gelsinger, remplacé par Lip-Bu Tan.
Intel très en retard sur l’intelligence artificielle
Grâce à la co-entreprise avec TSMC, Intel bénéficiera de l’expertise de l’entreprise taïwanaise dans la fabrication de puces. Particulièrement des puces IA, qui demandent beaucoup en puissance de calcul et de miniaturisation. Il faut noter que Intel est très en retard dans la course à l’intelligence artificielle par rapport aux concurrents comme Samsung et AMD. Le savoir-faire de TSMC en la matière pourrait lui être d’une grande aide.
TSMC va partager ses secrets avec Intel
D’après The Information, TSMC va partager avec Intel ses procédés technologiques, même certains secrets les plus gardés. La firme taïwanaise va aussi dispenser des formations spécialisées aux ingénieurs d’Intel pour leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences en matière de production et de processus technologiques. Et peut-être ces informaticiens parviendront-ils enfin à finaliser le processus de gravure Intel 18A et le développement des puces Panther Lake attendues en 2026 !
TSMC veut alléger la facture des droits de douane
Mais que gagne TSMC à sauver un concurrent qui se noie et à lui partager ses plus grands secrets technologiques ? Selon toute vraisemblance, le numéro Un mondial des semi-conducteurs (avec 60% des puces fabriquées) a quelques intérêts dans cette alliance improbable. Deux plus exactement. D’abord le groupe cherche à alléger la facture des droits de douane de 34% imposés à Taiwan par Donald Trump, en investissant sur le territoire américain. Des semi-conducteurs fabriqués aux États-Unis ne seront pas soumis à ces taxes douanières.
TSMC veut sécuriser sa production aux États-Unis face aux velléités d’invasion de la Chine
Deuxième raison : sécuriser une partie de sa production aux États-Unis en cas d’attaque de la Chine. Pékin considère Taïwan comme un de ses territoires occupés par des sécessionnistes. Il souhaite donc reprendre l’île quoi qu’il en coûte. L’armée chinoise multiplie ces derniers mois des exercices militaires autour de Taïwan. Le dernier a eu lieu il y a quelques jours. Mais l’idée de délocaliser les activités de TSMC sur le sol américain ne plait pas aux autorités taïwanaises. Celles-ci pensent que la présence du fleuron national sur l’île peut inciter les États-Unis à prendre sa défense pour éviter que la Chine ne s’en empare.