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Obligations américaines : une forte demande pour les bons à 10 ans

La récente vente aux enchères d’obligations américaines a montré une forte demande pour les bons à 10 ans, qui offraient un rendement de 4,421 %. Cette demande a dépassé l’offre de plus de 2,5 fois. Elle a remis en cause le récit selon lequel les investisseurs se détournent de la dette gouvernementale américaine.

Mercredi 11 juin, l’enchère du Trésor américain a enregistré une forte demande pour les bons à 10 ans. Cette demande pour les 39 milliards de dollars de bons, qui offraient un rendement de 4,421 %, a dépassé l’offre de plus de 2,5 fois. Selon Exante Data, la prise en charge par les teneurs de marché principaux était rapportée à 9 %, le quatrième plus bas taux jamais enregistré.

Place à la vente de 22 milliards de dollars de bons à 30 ans

Pour rappel, les teneurs de marché principaux sont les institutions autorisées par la banque centrale à négocier les obligations d’État. Quant à la prise en charge, elle fait référence à la quantité de dette nouvellement émise que ces teneurs absorbent eux-mêmes. Le niveau de cette prise en charge par les teneurs de marché principaux (9 %) signifie que les investisseurs ont effectué la plus grande partie des achats importants. Les analystes attendent désormais la vente de 22 milliards de dollars d’obligations à 30 ans pour avoir des indices supplémentaires sur la confiance des investisseurs dans les politiques fiscales du président américain Donald Trump, qui l a lancé sa guerre commerciale début avril.

Les obligations américaines toujours aussi attractives ?

En attendant, la forte demande pour les bons à 10 ans du Trésor américain remet en cause la thèse selon laquelle l’intérêt pour la dette américaine est en déclin. Toutefois, la détérioration de la situation de la dette US continue de susciter des inquiétudes. Actuellement la dette nationale brute totale dépasse 36 000 milliards de dollars, soit plus de 120 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. À ce jour, les États-Unis paient 1 billion de dollars comme coût du service de cette dette. Quant au déficit, il s’élevait à 1,8 billion de dollars en 2024 et devrait augmenter de 2,4 billions de dollars dans les années à venir en raison des plans de réduction fiscale de Trump.

Le bitcoin et l’or pourraient devenir une couverture contre une éventuelle crise fiscale

Dans ce contexte, la nouvelle émission pourrait aggraver le problème de la dette, selon plusieurs analystes qui suggèrent que le bitcoin et l’or pourraient devenir une couverture contre une éventuelle crise fiscale. Il faut noter que le marché obligataire américain agit comme un socle de stabilité pour les investisseurs mondiaux. Il repose sur l’émission de titres de dette par le gouvernement fédéral pour financer ses besoins budgétaires. Appelés Treasuries (ou bons du Trésor), ces titres se déclinent en plusieurs catégories selon leur durée. Il y a les T-bills qui ont une échéance inférieure à un an, les T-notes une échéance comprise entre 2 et 10 ans et les T-bonds dont l’échéance s’établit entre 20 et 30 ans.

De nombreux pays détiennent des obligations américaines 

Les obligations américaines constituent un pilier de la finance mondiale car elles passent pour les plus sûres au monde. Elles sont garanties par l’État américain, l’un des emprunteurs les plus solides de la planète. Par ailleurs, ce marché des Treasuries est le plus grand et le plus liquide au monde. Sans oublier que les titres sont émis en dollars américains, qui représentent la principale monnaie de réserve mondiale. En outre, de nombreux pays détiennent de grandes quantités de Treasuries dans leurs bilans.

Les obligations américaines constituent une valeur refuge en période de turbulence 

Environ un tiers des bons du Trésor sont détenus par des investisseurs étrangers, soit près de 8 500 milliards de dollars. La Chine, notamment, détenait environ 761 milliards de dollars de dette publique américaine en janvier 2025. Ce qui en fait le deuxième créancier étranger après le Japon. Ces achats étrangers renforcent l’attractivité et la stabilité du marché obligataire américain. Les obligations US constituent ainsi une valeur refuge par excellence en période de turbulence boursière, économique ou politique. Mais la politique douanière de Trump pourrait pousser les investisseurs à vendre. Ce qui augmenterait les prix de ces obligations et baisserait mécaniquement leurs rendements.