Présidentielle 2032 : Emmanuel Macron tenté par un troisième mandat ?

Empêché par la Constitution de se présenter à la présidentielle de 2027, Emmanuel Macron a le droit de le faire en 2032. Si pour l’instant il n’a pas clairement affiché ses intentions, le chef de l’État envoie des signaux plutôt clairs. Il refuse de dire que ce mandat est son dernier, en même temps qu’il tance les potentiels candidats de Renaissance.
On dit souvent que le pouvoir est comme une drogue. Une fois qu’on y a goûté, il est difficile de laisser tomber. Si dans certaines régions de la planète, les dirigeants ne se gênent pas pour tordre le cou à la Constitution afin de multiplier les mandats successifs, en Europe, c’est pratiquement impossible de le faire. Les institutions sont plus fortes et les citoyens très à cheval sur le respect des lois qu’ils se sont données.
La Constitution empêche Emmanuel Macron de se présenter en 2027
En France, Emmanuel Macron semble avoir des envies de troisième mandat, mais la Constitution lui interdit d’en faire en 2027. En effet, la réforme constitutionnelle de 2008 a limité le nombre de mandats présidentiels successifs à deux. Ainsi, après deux élections consécutives, il faut attendre cinq ans pour se présenter à nouveau. Élu en 2017, puis réélu en 2022, Emmanuel Macron est dans ce cas de figure. Il devra repasser en 2032 pour briguer un troisième mandat.
Impossible de démissionner actuellement
Mais cinq ans c’est un peu long pour un dirigeant qui a pris goût au pouvoir et à la lumière des médias. Une option se présente à lui toutefois pour pouvoir concourir en 2027 : une démission dès maintenant. C’est arrivé une fois sous la Ve République avec Alain Poher, qui a occupé cette fonction de président intérimaire après la démission de Charles de Gaulle.
Pour le reste, ce plan n’a jamais fonctionné. D’ailleurs, à ce stade, il sera difficile pour Emmanuel Macron de démissionner. Il n’y a pas de raison. L’occasion s’était présentée à lui à l’été 2024, après le score lamentable de son parti aux législatives et la menace d’une dissolution de l’Assemblée nationale.
Le président de la République donne l’impression de vouloir y aller en 2032
Peut-être a-t-il été échaudé par le score du Rassemblement national qui pourrait gagner la présidentielle de 2027 ? Pour lui, il valait mieux finir son mandat que d’espérer en obtenir un autre sans en avoir la certitude. Pour 2032, y pense-t-il vraiment ?Emmanuel Macron donne parfois l’impression de vouloir y aller. Comme le samedi 5 juillet dernier, lors du meeting des dix ans du mouvement des « Jeunes avec Macron », renommé pour l’occasion les « Jeunes en marche ». Le chef de l’État a voulu montrer qu’il faudrait encore compter avec lui, et pour longtemps.
Emmanuel Macron a recadré Gabriel Attal lors du meeting des jeunes macronistes
« Je suis venu vous dire que ça n’était pas fini. J’aurai besoin de vous dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans ! » a déclaré Emmanuel Macron. Une façon pour lui de garder le contrôle du mouvement qui l’a porté au pouvoir en 2017 et plus largement de contrôler Renaissance. Et il a sûrement raison de vouloir rester le seul maître à bord face aux velléités d’autres jeunes cadres qui ont pris des galons à ses côtés, comme Gabriel Attal.
L’ancien premier ministre a fait un pas de plus vers 2027 ce même samedi, en disant vouloir proposer un chemin aux Français. « À trop parler de cette échéance, à trop être dans les calculs, personne n’ira nulle part ! », a tancé le président de la République, qui l’a ostensiblement snobé pendant tout le meeting.
Emmanuel Macron devra se projeter dans le temps long
Ainsi, pour tenir jusqu’en 2032, Emmanuel Macron est obligé de recadrer les uns et les autres. Il est important pour lui de ne pas laisser briller maintenant un autre jeune loup, qui pourrait ensuite lui barrer la voie en 2032. Mais serrer les rangs autour de soi ne suffit pas à gagner une présidentielle en France, où les opinions changent constamment suivant l’actualité.
Le président de la République devrait aussi semer des jalons, c’est-à-dire se projeter dans le temps long. Pour cela il faudrait travailler d’ici 2032 sur les sujets qui vont arriver à maturité à cette date. Comme l’intelligence artificielle, la défense de l’Europe, la souveraineté, la protection de la science et l’écologie.