Travail des enfants : vers un audit sur l’origine du tabac importé en France

Très engagé ! Nicolas Thierry demande au gouvernement un audit sur l’origine du tabac importé en France, après avoir porté une proposition de loi pour en interdire progressivement la vente auprès des jeunes générations. Le député écologiste rapporte que plus d’1,3 million d’enfants de 14 ans et moins sont exploités à travers le monde dans le secteur du tabac, selon les Nations Unies.
Après avoir déposé début novembre une proposition de loi transpartisane visant à en interdire la vente à toute personne née après 2014, Nicolas Thierry appelle maintenant à renforcer la transparence sur l’origine du tabac vendu en France. Dans un courrier rédigé à l’occasion de l’opération Mois sans tabac et de la journée internationale des droits de l’enfant, le jeudi 20 novembre, le député écologiste demande au gouvernement un audit sur l’origine et la traçabilité des produits importés en Hexagone.
Un audit sur l’origine du tabac pour épingler la production issue du travail des enfants
En demandant un audit, Nicolas Thierry veut s’assurer que le tabac consommé en France ne provienne pas de cultures exploitant des enfants. « Selon les Nations unies, 1,3 million d’enfants de 14 ans et moins sont exploités dans la culture du tabac à travers le monde », fait valoir le député Les Écologistes de la 2e circonscription de Gironde (Bordeaux centre) dans son courrier adressé aux ministres de l’Économie (Roland Lescure), du Commerce (Serge Papin) et de l’Industrie (Sébastien Martin). Selon lui, « la présence [des enfants] dans cette filière est devenue tellement courante qu’elle en constitue l’un des ressorts essentiels ».
Un audit sur l’origine du tabac nécessaire pour prendre des mesures appropriées
Plus loin dans sa lettre Nicolas Thierry estime qu’« il serait inacceptable qu’un produit déjà responsable de tant de morts prématurées soit, en plus, associé à l’exploitation de mineurs. ». L’élu assure que la traçabilité de cette substance n’est pas complète en France, et que les importateurs ne disposent pas d’une vision claire de son origine ni des pratiques sociales qui y sont liées.
Nicolas Thierry estime qu’un audit public complet sur l’origine et la traçabilité du tabac mis sur le marché français permettra au gouvernement de prendre des mesures appropriées. Comme la possibilité d’imposer aux fabricants et importateurs de tabac la publication d’une cartographie transparente, publique et exhaustive de leurs chaînes d’approvisionnement, ainsi que la mise en œuvre de mesure de prévention contre toute exploitation d’enfants.
Les mineurs interviennent à divers niveaux de la production du tabac
Bien que dangereuse et interdite, l’utilisation du travail des enfants dans la culture et la fabrique du tabac est répandue dans le monde. Elle est très présente dans les pays comme le Malawi, le Zimbabwe, le Bangladesh et l’Indonésie, principaux producteurs de cette substance. Dans ces États, les mineurs interviennent à divers niveaux de la production.
D’abord pendant la culture, en préparant les pépinières, en désherbant les champs, en fertilisant les plants et en pulvérisant des pesticides sans équipement de protection. Ils réalisent également la récolte des feuilles de tabac, une activité qui les expose au risque de contracter la maladie du tabac vert via l’absorption par la peau de la nicotine présente sur ces feuilles.
Le travail des enfants permet aux planteurs de combler les pertes liés aux prix bas du tabac
S’il est également culturel, le recours au travail des enfants s’explique en grande par les prix dérisoires proposés par les compagnies de tabac pour l’achat des feuilles de tabac aux planteurs. Pour survivre, ces derniers sont contraints d’embaucher des adolescents, qui ne demandent pas beaucoup d’argent. Mais il n’y a pas que les paysans qui emploient des enfants (généralement les leurs).
Les industries de transformation du tabac les exploitent également. Au Bangladesh, par exemple, les enfants de 7 à 14 ans dominent ces industries, avec de très faibles salaires (moins d’un dollar par jour pour fabriquer des cigarettes). Toutefois, il n’y a pas que ce secteur qui exploite les enfants. Des cultures comme le cacao et le palmier à huile font également l’objet de dénonciation de la part des ONG.





































