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Quand Elon Musk s’amuse des impôts

Le patron de Tesla, réfractaire aux impôts, se joue une nouvelle fois de ses détracteurs en aiguillonnant Twitter à propos de la vente d’une part de ses actions pour répondre au fisc. Une opération à laquelle il était de toute façon contraint au risque d’être fortement taxé à l’avenir.

C’est l’allégorie d’un « méchant » qui profite du système afin de s’attribuer le bon rôle. Dans la lutte pour la taxation des super-riches, tout le monde connaît le peu de volonté des grands fortunés à payer les impôts. Elon Musk qui figure parmi ces derniers vient de mettre en branle une manœuvre destinée à s’attribuer les faveurs de l’opinion tout en confondant ses détracteurs.

Pour ce faire, rien de tel que Twitter, son terrain de jeu favori. Le milliardaire et accessoirement l’homme le plus riche du monde, a en effet offert à ses 62 millions de followers, le soin de trancher via un sondage, s’il devait oui ou non vendre une part de ses titres au sein de son entreprise Tesla, afin de s’acquitter de son ardoise fiscale. Comme souligné par l’intéressé même dans un second tweet samedi 6 novembre, Elon Musk ne prend aucune rémunération en espèces ou en nature chez Tesla dont il détient 17% des parts. Le seul moyen pour lui d’honorer ses impôts est donc de vendre des actions.

De faux air preux chevalier

Le sondage auquel a participé environ la moitié de ses abonnés sur le réseau social à l’oiseau bleu s’est soldé par une majorité de « oui ». Plus de 57% des twittos ont ainsi répondu que Musk devait vendre ses actions – 10% sont concernées – aux fins de payer des impôts. Mais l’initiative du patron de Tesla ne doit rien au hasard.

D’abord, elle intervient dans un contexte de forte pression de la Maison Blanche afin d’un renforcement de la législation américaine sur la taxation des super-fortunés. Mais il participe surtout, comme l’indique un analyste au New York Times, d’une logique qui condamne l’homme d’affaires à vendre 23 millions de stock-options reçues de Tesla en 2012 avant leur expiration en août 2022.

Ce faisant, Elon Musk s’assurerait une belle manne financière en raison de la bonne santé de son entreprise en Bourse ces derniers mois. Mais cela lui permettrait surtout d’échapper au paiement d’un impôt sur le revenu plus conséquent en cas de durcissement de la législation fiscale comme le souhaitent plusieurs élus démocrates. C’est dire toute la maestria du natif de Pretoria qui n’est jamais avare d’idées quand il s’agit d’agiter l’opinion pour servir ses intérêts.