Economie

UE : les compagnies aériennes lasses de voler à vide

De plus en plus de voix s’élèvent contre l’obligation faite en Europe aux compagnies aériennes d’utiliser impérativement une large part de leurs créneaux horaires dans les aéroports, au risque de les perdre au profit de la concurrence.

Ce n’était déjà pas simple pour les compagnies aériennes de remplir leurs créneaux horaires en temps normal. Alors en période de Covid où les vols sont annulés en cascade, l’équation se complique davantage. Les avions sont pourtant sommés d’effectuer un certain nombre de vols, y compris à vide, au sein de l’Union européenne par saison. Au risque de perdre leurs créneaux horaires au décollage et à l’atterrissage au profit de la concurrence.

C’est ainsi que le patron de la compagnie Lufthansa, Carsten Spohr, a déclaré le 23 décembre dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, qu’en plus d’avoir annulé 33 000 vols par manque de passagers, soit 10% de ceux prévus pour la saison hivernale, ses avions devront en effectuer 18 000 autres supplémentaires inutiles. Car ne se justifiant ni économiquement encore moins sur des considérations climatiques.

Contexte difficile

Sa concurrente Brussels Airlines, a elle déclaré jeudi 6 janvier, devoir effectuer 3 000 vols avec des avions quasi-vides, toujours en respect de l’obligation d’exploitation des créneaux au sein de l’UE. Celle-ci contraint en principe les compagnies aériennes admises en Europe à utiliser 80% tranches horaires acquises dans les aéroports. Mais la disposition a été assouplie depuis mars 2020 et le taux ramené à 50% en raison de la crise du Coronavirus. Avec pour objectif d’aider les compagnies aériennes aux prises avec d’énormes pertes dans ce contexte de restriction des déplacements à travers le monde.

Pour autant, cela n’agrée toujours pas les compagnies. Car les aéroports restent déserts face à un variant Omicron hyper contagieux, malgré la protection offerte par la vaccination.

Non-sens  

De quoi réprouver cette mesure les obligeant à des vols fantômes, peu importe si la rentabilité en prend un coup. La dernière charge contre cette réglementation est venue du ministre belge des Transports, Georges Gilkinet. Le dirigeant cinquantenaire a fait savoir, mercredi 5 janvier sur Twitter, qu’il avait saisi Bruxelles aux fins de « revoir cette règle inadaptée en temps de Covid ». « Un non-sens économique, écologique et social », a-t-il pesté.

L’obligation d’exploiter les créneaux horaires est destinée selon l’UE à maintenir une concurrence saine au sein de la filière aéroportuaire. Seuls trois aéroports dont Kennedy, La Guardia et Ronald Reagan National exigent cela aux États-Unis.