Obligations

Obligations durables : un boom des émissions attendu au cours de cette décennie

Des pièces d'argent.
Ph: Unsplash.

 

Une nouvelle étude de Pictet Asset Management et de l’Institut de la finance internationale prévoit une explosion des émissions d’obligations durables dans le monde avant la fin de cette décennie. Ces placements pourraient atteindre 4500 milliards de dollars par an dans cette période. Grâce essentiellement à des investisseurs en obligations, alors qu’à ce jour ils provenaient surtout d’investisseurs en actions.

Parallèlement aux investissements dans les énergies propres, qui explosent chaque année, les obligations durables devraient connaître un boom avant la fin de cette décennie. C’est ce qu’indique une nouvelle étude publiée par Pictet Asset Management et l’Institut de la finance internationale (Institute for International Finance ou IIF). Selon le rapport, ces placements alignés sur des critères environnementaux sociaux et de gouvernement (ESG) pourraient bientôt atteindre 4500 milliards de dollars par an. Aussi, ils proviendraient en grande partie d’investisseurs en obligations, alors qu’à ce jour ils étaient surtout le fait d’investisseurs en actions.

Les portefeuilles accorderont davantage de place aux critères ESG

Cette perspective s’expliquerait par le fait que la contribution des investisseurs en obligations s’impose de plus en plus pour concilier finance et lutte contre le réchauffement climatique. D’ailleurs, la tendance apparait au moment où la part des titres prenant en considération des critères ESG augmente rapidement au sein de l’univers obligataire et du marché en général. « D’ici 2025, rares seront les portefeuilles dont l’allocation n’accordera pas une place de choix aux investissements verts et ESG », pronostique Sonja Gibbs, directrice générale et responsable de la finance durable auprès de l’IIF.

Il faudra néanmoins considérer quelques risques

Raymond Sagayam, CIO Fixed Income de Pictet Asset Management, soulignent de son côté que les obligations labellisées ESG constituent un segment de marché très scruté depuis un certain temps. « L’étude confirme notre conviction qu’une révolution silencieuse se prépare sur les marchés obligataires. Une révolution qui profitera aux investisseurs, à l’environnement et à la société dans son ensemble », a-t-il analysé.

De nombreux fonds d’investissement émettent aujourd’hui des émissions d’obligation durables pour renforcer leur politique RSE, comme le groupe dirigé par Jean-Bernard Lafonta HLD.

Si l’injection de capitaux dans ce portefeuille est tentant, M. Sagayam invite toutefois les investisseurs à prendre en considération certains risques. Car les obligations ESG sont pour l’instant des instruments complexes.

Par conséquent, il faudrait mener une étude plus approfondie avant de se lancer. Par ailleurs, le CIO rappelle que ces titres ne s’intègrent pas facilement dans les modèles de construction de portefeuille habituellement choisis. « Nous recommandons aux investisseurs qui s’inquiètent de l’inflation et de la hausse des rendements de privilégier les obligations à court terme », conseille donc Raymond Sagayam.

Croissance à venir des emprunts liés au développement durable

Le rapport de Pictet Asset Management et de l’IIF relève également que les emprunts liés au développement durable devraient croitre sur les marchés de la dette émergente souveraine et du crédit. Le volume d’émissions d’obligations ESG devrait passer d’environ 50 milliards de dollars par an en 2020 à 360 milliards d’ici 2023. Cette hausse se fera d’autant naturellement que les capitaux privés joueront un rôle déterminant dans l’atteinte des Objectifs de développement durable des Nations (ODD).