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Terres rares : la Chine renforce son emprise sur la production mondiale

Une vue de Pékin avec des buildings.
Ph: Unsplash

 

La Chine a créé, en décembre 2021, une méga entreprise de terres rares par la fusion des principales compagnies nationales. Baptisé China Rare Earth Group, ce mastodonte représente plus de 62 % des approvisionnements locaux avec près de 100.000 tonnes métriques de quota minier et fonderie. Il permettra à Pékin de remettre de l’ordre au niveau des prix sur son marché et de consolider sa domination sur le secteur au niveau mondial.

Quatre mois après avoir annoncé ses intentions, la Chine a lancé, en décembre 2021, un nouveau géant des terres rares. Dénommé China Rare Earth Group, ce conglomérat est né de la fusion des principaux producteurs nationaux, dont Aluminum Corporation of China, China Minmetals et Ganzhou Rare Earth Group. On note aussi l’absorption de deux développeurs de technologies de terres rares.

Ce terme renvoie à un groupe de 17 métaux (cérium, lutétium, lanthane, néodyme, dysprosium, terbium, etc.) dont des propriétés électromagnétiques sont très recherchées dans diverses industries de pointe. On les utilise notamment pour la fabrication de smartphones, d’écrans plasma, d’ordinateurs, de véhicules électriques et de systèmes radar.

Un pouvoir de fixation des prix

China Rare Earth Group dispose de 52 719 tonnes métriques de quota minier (environ 32 % du total national) et de 47 129 tonnes métriques de quota de fonderie (29 % du total). Il représente ainsi environ 62 % des approvisionnements nationaux en terres rares lourdes. Ses ressources se trouvent principalement dans les provinces du sud comme Jiangxi, Shandong, Sichuan et Hunan.

L’Etat détient une participation de 31,21% dans le nouveau groupe via la Commission de surveillance et d’administration des actifs. Grâce à son poids, China Rare Earth Group aura le pouvoir de fixer les prix des métaux sur un marché très éclaté depuis plusieurs années. En effet, chaque producteur déterminait ses tarifs, ce qui ouvrait sur du bas de gamme. Cette anarchie coûtait donc chère à la Chine.

Consolider la domination chinoise

La création de China Rare Earth Group contribuera à accélérer le développement des terres rares dans le sud de la Chine et soutiendra les investissements dans les nouvelles technologies pour l’extraction et la transformation. Elle participera aussi à la concentration industrielle. Ce qui aidera Pékin à renforcer son emprise sur la production mondiale, alors que sa part a baissé ces dernières années. Elle est passée de 86 % en 2014 à 58,3 % en 2020. Tandis que les États-Unis, premier producteur dans les années 80, ont augmenté leur production de 36 % l’an dernier à 38 000 tonnes métriques.

Une forte dépendance de l’UE et des Etats Unis

Les terres rares sont l’un des rares secteurs au monde dominé par la Chine. Le géant démographique impose son jeu dans cette industrie comme les pays du Moyen-Orient décident de l’approvisionnement en pétrole brut. Pékin a envisagé la création de China Rare Earth Group au plus fort des tensions commerciales avec Washington pour en faire un lévier de puissance. Des responsables du gouvernement chinois ont pensé que cela aiderait à anticiper et à répondre aux futurs défis extérieurs. Les Etats Unis importent 98% de ses terres rares lourdes de Chine, contre 98% pour l’Union européenne (UE).

Pour réduire cette dépendance, Bruxelles et Washington ont pris une série de mesures dernièrement. Malheureusement ils ne disposent pas encore des capacités de Pékin, qui jouit de financements massifs et d’un large réseau de raffinage. De son côté, la Chine a décidé de contrôler sa production de terres rares pour ne pas épuiser ses réserves (36,7 % des gisements mondiaux en 2020, devant les 18 % du Vietnam et du Brésil). Ainsi, elle accorde désormais des quotas annuels aux compagnies et a fixé le volume de cette année à 168 000 tonnes.