Venezuela : les obligations nationales s’envolent avec la menace américaine

Depuis plusieurs années, le Venezuela est en défaut de paiement sur sa dette souveraine, principalement à cause d’une mauvaise gouvernance et de sanctions internationales. Malgré les risques qu’elles représentent, les obligations en dollars du pays affichent des rendements de plus de 80 %. Cette situation s’explique par les tensions actuelles entre Washington et Caracas, et par le regain d’espoir d’un changement de régime.
Le Venezuela, pays pourtant en défaut de paiement avec une économie ravagée par des années de mauvaise gestion et de sanctions internationales, offre l’un des meilleurs rendements sur le marché obligataire depuis quelques semaines. Actuellement, les obligations en dollars du pays affichent des rendements de plus de 80 %, figurant ainsi parmi les leaders des marchés émergents cette année.
Une dette impayée de près de 60 milliards de dollars
Pour rappel, le Venezuela est en défaut de paiement sur sa dette souveraine depuis huit ans, avec une dette impayée de près de 60 milliards de dollars. En comptant les intérêts et autres dettes (prêts à la compagnie pétrolière nationale PDVSA, sentences arbitrales et dette bilatérale), le stock impayé du pays grimpe à près de 150 milliards de dollars. Le producteur de pétrole sud-américain a fait défaut sur ses obligations internationales en 2017. Depuis lors, les prix fluctuent au gré des relations avec Washington. Caracas souffre des sanctions internationales, surtout américaines, sur le pétrole, sa principale source de revenus. Il paie aussi le prix de la mauvaise gouvernance des chavistes.
Des bateaux ont été visés par des frappes américaines près du Venezuela
En dépit de ce contexte défavorable, le marché obligataire vénézuélien a récemment connu une hausse. Les investisseurs profitent de rendements potentiellement élevés (plus de 80 %). Cette flambée des prix, qui atteignent des sommets inédits depuis six ans, s’explique par les tensions avec les États-Unis et par le regain d’espoir d’un changement de régime, selon les investisseurs. Elle a débuté en septembre, lorsque des bateaux au large des côtes caribéennes du Venezuela ont été visés par des frappes américaines, dans le cadre de ce que la Maison Blanche appelle la lutte contre le narcotrafic.
Donald Trump veut en finir avec Nicolas Maduro
Pour le président vénézuélien, Nicolas Maduro, cette pseudo opération contre le narcotrafic n’est qu’un prétexte pour renverser le régime et installer un gouvernement fantoche qui permettra aux États-Unis de mettre la main sur le pétrole du Venezuela. Donald Trump a d’ailleurs reconnu avoir autorisé la CIA à mener des opérations secrètes au sol. Le président américain avait déjà proposé une récompense de 50 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation de Maduro. Si l’armée américaine semble temporiser depuis quelques jours, avec notamment le retrait d’un navire de guerre dans les Caraïbes, l’imprévisibilité de Donald Trump laisse la voie à un changement brusque et une guerre ouverte avec le Venezuela, qui s’arme actuellement auprès de la Russie et de l’Iran.
Les investisseurs ont déjà été désillusionnés par le Venezuela
Selon les investisseurs, un changement de régime pourrait lancer des négociations de restructuration de la dette tant attendues. Ce qui permettrait de tirer profit des titres vénézuéliens particulièrement bon marché et qui ont presque doublé de valeur cette année, mais restent à des niveaux très dégradés, sous les 30 cents pour un dollar.
Tout dépendra donc de la prochaine réaction de Donald Trump. Toutefois, une restructuration de la dette sera extrêmement complexe et aura un coût important. Par ailleurs, ceux qui parient sur le Venezuela ont déjà été désillusionnés par le passé. En 2019, les obligations avaient atteint des niveaux similaires, lorsque les États-Unis avaient reconnu le chef de l’opposition Juan Guaido comme président. Aujourd’hui, ils misent sur la prix Nobel de la paix 2025 Maria Corina Machado…




































