Afrique du Sud : les sorties de capitaux étrangers atteignent un record

Les investisseurs fuient-ils l’Afrique du Sud ? Depuis octobre 2024, ils ont retiré un montant substantiel de 3,7 milliards de dollars de son marché boursier. C’est la plus importante sortie de capitaux étrangers depuis cinq ans pour la plus première économie d’Afrique. Ces retraits seraient dus à des signaux économiques négatifs, dont la stagnation économique et la baisse du revenu par habitant.
L’Afrique du Sud, la première économie d’Afrique, connaît sa séquence la plus prolongée de sorties de capitaux étrangers en cinq ans. Depuis octobre 2024, les investisseurs ont retiré un montant substantiel de 3,7 milliards de dollars du marché boursier local, selon des données publiées par l’Institute of International Finance ( IIF ).
Les investisseurs étrangers en Afrique du Sud ont vendu plus d’actions qu’ils n’en ont achetées
Ces données montrent qu’au cours de la première semaine de juin, notamment, les investisseurs non sud-africains ont acheté des actions d’une valeur de plus de 30 milliards de rands (environ 1,6 milliard de dollars), soit le montant le plus élevé depuis plusieurs années. À l’inverse, ils ont vendu environ 24,7 milliards de rands (1,3 milliard de dollars) au cours de la même période. Depuis le début de l’année, les non-résidents restent vendeurs nets à hauteur de 5,9 milliards de dollars, soit un milliard de plus par rapport à la même période en 2024.
Des sorties annuelles de capitaux depuis 2022
L’IIF note que la confiance des investisseurs internationaux envers les actions cotées à Johannesburg demeure fragile depuis plusieurs années. Les équities, en particulier, ont enregistré des sorties annuelles depuis 2022. Cependant, cette dernière série marque une nette accélération, atteignant le double des 1,9 milliard de dollars de sorties cumulées sur les deux précédentes années. Elle peut surprendre d’autant que les actions sud-africaines ont dégagé un rendement de 29 % en dollar depuis le début de l’année. Ce qui les place parmi les cinq meilleures performances mondiales, juste derrière la Grèce, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie.
Depuis mai, les marchés émergents attirent des flux financiers
Globalement, les marchés actions émergents ( Brésil, Turquie, Taïwan, Corée du Sud) ont enregistré des sorties de capitaux depuis octobre 2024. Mais la tendance s’est inversée en mai dernier, lorsque ces marchés ont attiré de nouveaux flux, à mesure que les gestionnaires de fonds ont diversifié leurs activités en s’éloignant des actifs américains. Dans le contexte actuel, les pays émergents d’Amérique latine sont particulièrement bien placés pour profiter de ces déplacements de capitaux hors du marché américain. En revanche, l’Afrique du Sud n’aura pas cette opportunité.
« Les investisseurs étrangers se comportent comme des touristes » en Afrique du Sud
« Les investisseurs cherchent à diversifier hors des États-Unis, mais cela ne fait pas automatiquement de l’Afrique du Sud une destination de premier plan », souligne Graham Tucker, gérant de portefeuille chez Old Mutual Investment Group. Selon l’analyste, « les investisseurs étrangers se comportent comme des touristes », en effectuant « une opération, notamment sur les valeurs aurifères quand le marché des matières premières est porteur », puis en repartant, ne voyant pas de « visibilité sur la politique à long terme ».
L’Afrique du Sud a besoin de réformes politiques stables
Graham Tucker relève par ailleurs que le marché boursier sud-africain semble bon marché, mais que ce niveau de prix reflète plus d’une décennie de stagnation économique et de baisse du revenu par habitant. Ce qui expliquerait le sentiment prudent des investisseurs. Les économistes sud-africains pointent pour leur part une stagnation du PIB national, freiné par le déclin des secteurs minier et manufacturier. Ils préviennent que des transactions temporaires dans des secteurs comme l’or pourraient survenir. D’où leur appel à des réformes politiques stables pour rester compétitif sur la scène internationale.