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Note souveraine de la France : Moody’s moins dure que les autres agences

Après Fitch et Standard & Poor’s, Moody’s a publié vendredi la note souveraine de la France. Contrairement aux deux autres grandes agences, elle maintient cette note, mais abaisse la perspective à « négative ». Pour le ministre de l’Economie, c’est un répit bienvenu en pleine discussion du budget qui doit être adopté d’ici le 31 décembre prochain.

Après Fitch et Standard & Poor’s, Moody’s abaissera-t-elle aussi la note de la France ? Telle était la question que l’on se posait en début de semaine dernière. Le vendredi 24 octobre, le verdict est tombé. L’agence américaine maintient la note souveraine de la France, mais abaisse la perspective à « négative ». Avant ce vendredi, elle classait l’Hexagone en Aa3, soit l’équivalent d’un AA- pour les autres agences, avec perspective stable.

Moody’s souligne le risque « d’une fragmentation durable du paysage politique de la France »

Selon Moody’s, le changement de perspective de sa notation « reflète les risques croissants d’un affaiblissement des institutions et de la gouvernance en France », ainsi qu’un « recul partiel des réformes structurelles ». Aussi, l’agence soulève le risque « d’une fragmentation durable du paysage politique du pays ». Cette division pourrait, ajoute-t-elle « nuire au fonctionnement des institutions », avec des gouvernements « continuant à avoir du mal à obtenir une majorité parlementaire ».

Roland Lescure assure que le gouvernement reste « déterminé à tenir l’objectif de déficit de 5,4% du PIB annoncé en 2025 »

Dans la foulée de la publication de la notation, le ministre français de l’Economie et des Finances, Roland Lescure, a dit prendre acte de la décision, qui « témoigne de l’absolue nécessité de construire un chemin collectif vers un compromis budgétaire ». Il assure que le gouvernement reste « déterminé à tenir l’objectif de déficit de 5,4% du PIB annoncé en 2025 et à poursuivre une trajectoire ambitieuse de réduction du déficit public, pour revenir sous les 3% du PIB en 2029, tout en préservant la croissance ». Mais l’exécutif doit faire adopter le budget 2026 d’ici le 31 décembre.

Moody’s avait prévenu qu’un « retour en arrière sur la réforme des retraites » était un critère de baisse de la note

Les discussions sur le Projet de loi de finances (PLF) pour 2026 ont débuté le vendredi 24 octobre à l’Assemblée nationale. Le Parti socialiste, qui a déjà obtenu la suspension de la réforme des retraites, menace de nouveau de censurer Sébastien Lecornu s’il n’obtient pas des mesures qui le satisfont sur une taxation accrue des plus riches. Sur la question de la suspension des retraites, en particulier, c’était la condition posée par le PS pour ne pas voter la motion de censure de LFI. En avril, Moody’s avait indiqué qu’un « retour en arrière sur les réformes telles que (…) la réforme des retraites » était un critère de baisse de la note. Toutefois l’agence n’a pas suivi cette voie, comme les autres.

Standard & Poor’s et Fitch ont abaissé la note souveraine de la France à A+

Le 17 octobre, trois jours après la présentation du budget 2026, Standard & Poor’s a abaissé la note de la dette française de AA- à A+ (dette de qualité moyenne supérieure). La société d’analyse financière a justifié sa décision par l’absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire. Elle estime que malgré la présentation du projet de budget, l’incertitude sur les finances publiques françaises demeure élevée.

Un mois plutôt, le 12 septembre, Fitch a également abaissé la note souveraine de la France un cran en dessous, à A+. En parallèle, le FMI  a abaissé la prévision de croissance française pour 2026 de 1,4% à 0,9% avec des conséquences sur un nouveau bond de la dette et le creusement du déficit public. De son côté, le gouvernement attend la croissance à 0,7% cette année et à 1% en 2026.