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Turquie : S&P abaisse ses prévisions pour la dette souveraine

Ankara, Turquie.
Ph: Unsplash.

 

L’agence de notation S&P a annoncé vendredi avoir abaissé ses prévisions pour la Turquie. Elle a fait passer la perspective de la dette souveraine de ce pays de stable à négative. Toutefois, elle maintient  sa notation B+, en attendant de nouveaux développements.

L’agence de notation S&P a annoncé, vendredi 10 décembre, avoir abaissé la perspective de la dette souveraine de la Turquie de stable à négative. Elle justifie sa décision par la persistance d’incertitudes politiques et économiques. En effet, la livre turque a perdu environ 30% de sa valeur par rapport au dollar américain depuis fin octobre, et même plus de 45% depuis le début de l’année. Une situation qui renchérit le coût des importations. Conséquence de cette dégringolade de la monnaie, le taux d’inflation en Turquie ne cesse de monter. Il a officiellement atteint 21% en novembre dernier, contre 4,9% pour la zone euro au cours du même mois.

Une baisse continuelle du taux d’intérêt de la banque centrale

Accusant le pouvoir de manipuler les chiffres, les opposants turcs pensent que ce taux est plus important au regard du marasme économique actuel. En effet, le coût de la vie est devenu difficilement supportable pour de nombreux foyers. Certains produits de base comme les œufs, la viande et l’huile ont vu leur prix fortement augmenter. Pour ne pas arranger la situation, Ankara et ses institutions prennent des décisions contre tout bon sens. Par exemple, alors qu’il est d’usage de rendre les emprunts plus coûteux quand l’inflation est élevée, la banque centrale turque a abaissé à plusieurs reprises son taux directeur. Celui-ci est passé de 16 à 15% en novembre dernier.

Erdogan a contre-rebours des politiques habituelles

Une telle politique risque d’accroître plus encore l’inflation. Mais la banque centrale n’a pas réellement le choix. C’est bien le président Recep Tayyip Erdogan qui lui impose ses vues. L’homme fort d’Ankara estime que les taux élevés favorisent la hausse des prix pour soutenir la production locale et les exportations. Cette semaine, il a de nouveau balayé les critiques et maintenu sa position. Il a même remplacé mercredi le ministre des Finances par son adjoint. Ce même jour, la Banque centrale turque a toutefois annoncé avoir vendu une partie de ses réserves en dollars pour stopper la chute de la livre turque. Malheureusement, elle n’a pas obtenu l’effet escompté car la monnaie continue de plonger.

Fitch Ratings a précédé S&P

« Nous pourrions abaisser les notations si le dosage de la politique économique de la Turquie minait davantage le taux de change de la livre (turque) et aggravait les perspectives d’inflation, augmentant le risque de détresse du système bancaire et impliquant ainsi des passifs potentiels pour le gouvernement », a prévenu S&P dans un communiqué. L’agence a indiqué qu’elle le ferait si par exemple les résidents nationaux « dollarisaient » considérablement leur épargne ou la retiraient du système financier. Ou si l’accès des banques aux financements étrangers se dégradait. Notons que Fitch Ratings avait déjà abaissé la perspective de la dette souveraine de la Turquie de stable à négative.