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Céréales : vers une baisse des prix ?

Les exportations de céréales ukrainiennes ont repris la semaine dernière avec une poignée de navires en partance notamment pour le Liban. Une reprise qui devrait rassurer les marchés financiers et certains pays menacés par la famine. Mais il est encore trop tôt pour savoir si elle va freiner l’inflation ainsi qu’éviter un drame humanitaire.

Des navires en route pour le Liban

Pour la première fois, depuis le début de la guerre en Ukraine, un cargo chargé de céréales ukrainiennes a quitté le port d’Odessa le lundi 1er août 2022. Dénommé Razoni, ce navire de 186 mètres battant pavillon Sierra-léonais transporte 26.000 tonnes de maïs. Il a pris la direction du Liban avec le feu vert de la Russie qui a signé un accord avec l’Ukraine en Turquie pour laisser passer les bateaux.

Le cargo a fait escale mercredi à Istanbul. Il était attendu ce dimanche au Liban mais son arrivée a été reportée pour une raison inconnue. Selon une source officielle, le navire pourrait vendre sa cargaison en chemin à un marchand dans un autre pays, si l’opportunité se présentait.

Menaces de famine et risques de troubles

Quoiqu’il en soit, les exportations de céréales ukrainiennes ont bel et bien repris. Vendredi 5 août, trois nouveaux chargements de maïs ont quitté Odessa en convoi. Les trois bâtiments ont mis le cap sur la Turquie, l’Irlande et l’Angleterre. Si les bateaux sont encore peu nombreux, leur mouvement constitue un motif de soulagement pour de nombreux pays qui dépendent de la production ukrainienne.

En particulier ceux d’Afrique du nord et du proche Orient moins préparés à une crise alimentaire de grande ampleur. Ces États se trouvent sous la menace d’une pénurie et donc d’une famine potentielle, qui pourrait déclencher des troubles majeurs comme ceux du printemps arabe.

Baisse progressive des prix depuis plusieurs semaines

Le dégel des exportations, après cinq mois d’immobilisation, rassure également les marchés. En effet, il devrait freiner l’inflation et permettre de baisser les prix. Le jeudi 4 août, l’orge fourragère se vendait à 295 euros la tonne, le maïs à 323 euros et le blé à 341 euros la tonne. Le cours de cette dernière culture avait atteint un sommet en mars à 450 euros la tonne.

Heureusement, il a progressivement baissé au fil des semaines. Et il devrait continuer sur cette courbe descendante avec la reprise des exportations. Ce qui laisse entrevoir une prochaine baisse des prix des denrées alimentaires à base de céréales ukrainiennes. En premier lieu la baguette de pain plus qu’indispensable au quotidien.

Possibilité d’un nouveau blocage des navires

Si la situation s’améliorera certainement dans les semaines à venir, un retour à la normale ne se fera pas si tôt. La guerre se poursuit en Ukraine et elle est prévue pour durer plusieurs mois, voire quelques années. Un étirement façon Syrie et Libye est même envisagé. Dans ce contexte, les Russes pourraient un jour ou l’autre bloquer à nouveau les exportations ukrainiennes en mer noire. Principalement s’ils sont en difficulté sur le plan militaire et s’ils prennent possession de la très stratégique ville portuaire d’Odessa.

Les marchés continuent donc de scruter l’horizon pour voir d’autres signes plus rassurants. Pour rappel, l’Ukraine était le 4e exportateur de céréales (13%) avant le début du conflit, le 24 février 2022. Outre le blé et le maïs, elle pèse dans la production de colza et de l’huile de tournesol, entre autres.