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Ouganda : la loi anti-homosexualité promulguée et tant pis

Photo de Lareised Leneseur sur Unsplash

L’Ouganda a promulgué lundi la loi anti-homosexualité, qui instaure des lourdes peines à l’encontre de personnes soupçonnées de relations homosexuelles. Ainsi, le pays en a cure des critiques et menaces de la communauté internationale qui s’inquiète des droits humains.

Le président ougandais Yoweri Museveni a annoncé, le lundi 29 mai, l’adoption du projet de loi contre les personnes LGBTQ+. Voté une première fois au Parlement le 21 mars, puis une seconde fois le 2 mai dans une version modifiée à la marge, ce texte prévoit de lourdes peines à l’encontre de personnes ayant des relations homosexuelles ou faisant la promotion de l’homosexualité. Il instaure aussi la peine capitale pour tous les récidivistes. Cette dernière disposition a été maintenue par les députés ougandais contre l’avis du chef de l’Etat.

Vers une légalisation de la violence contre les LGBTQ+ ?

Heureusement, la condamnation à mort n’est plus appliquée en Ouganda depuis des années. Mais la nouvelle loi anti-homosexualité dans son ensemble risque de légaliser l’homophobie dans ce pays d’Afrique de l’Est. On pourrait assister à une hausse du harcèlement, des intimidations et même de la violence contre les personnes LGBTQ+. Sexual Minorities Uganda, une organisation de défense des droits des homosexuels suspendue par Kampala l’année dernière, a exprimé ses inquiétudes après la promulgation de la loi. Elle a dit redouter une justice populaire et des arrestations massives.

Un texte méprisant et discriminatoire pour les ONG

Les organisations internationales ont également émis des craintes. Parmi elles, Amnesty International, qui avait déjà demandé à Yoweri Museveni de s’opposer à cette « loi méprisante » violant « de manière flagrante les droits humains des personnes des LGBTQ+ en Ouganda ». De son côté, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme (HCDH) évoque un « texte discriminatoire – probablement le pire au monde en son genre». Quant à l’ONG Human Rights Watch, elle dénonce un pas dans la mauvaise direction ».

Washington brandit des sanctions économiques

Au niveau des politiques, le président américain Joe Biden a parlé d’une « atteinte tragique » aux droits humains. Il dit évaluer les conséquences de cette loi sur « tous les aspects de la coopération entre les États-Unis et l’Ouganda ». En d’autres termes, l’actuel locataire de la Maison Blanche souhaite couper l’aide et les investissements américains au pays. Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, ne pas jusque-là mais déplore une loi « contraire aux droits humains ». On retrouve des reproches similaires chez la plupart des politiques occidentaux.

Mais Kampala veut se tourner vers d’autres partenaires

Ce qui n’émeut pas Kampala. Dans un communiqué publié lundi, la présidence de la République d’Ouganda répond qu’elle a « tenu compte des préoccupations de [son] peuple et légiféré pour protéger le caractère sacré de la famille […] ». Elle promet de rester « ferme pour défendre la culture, les valeurs et les aspirations de [son] peuple ». Pour ce qui concerne les sanctions économiques, le pays dit qu’il s’attendait à cela de toute façon. « Ils vont couper des aides à l’Ouganda », avait prédit Asuman Basalirwa, un député à l’initiative de la loi. Face aux menaces occidentales, il juge vital de trouver de nouveaux partenaires de développement, notamment dans le monde arabe.